Le mouvement est à l’œuvre partout : la vague populiste est là. Le peuple rejette massivement les élites qu’il est censé admirer. Illégitimes, corrompues, trahissant les valeurs qu’elle prétendent incarner et servir. Il est loin le temps où l’aspiration à entrer dans ce club était largement partagée.
La “trahison des clercs” est un thème ancien mais il a atteint son paroxysme. Au point de donner la préférence à un candidat dont on connaît parfaitement les excès, la fascination pour le modèle fasciste ou dont les partisans ont donné (avec son feu vert) l’assaut sur le Capitole, le 6 janvier 2021.
Pourquoi ?
Les élites sont accusés de ne plus représenter une méritocratie (reproduction sociale, passe-droits, coupées des réalités, au service d’une caste) et d’avoir trahi et perverti toutes les valeurs auxquelles elle étaient identifiées et scier ainsi leur légitimité. Egalité et dignité des vies humaines, primauté du Droit, principes contenus dans la Charte de l’ONU, multilatéralisme, ont été écartés. Ainsi #Biden aura dénoncé verbalement les massacres à #Gaza et au #Liban tout en faisant le nécessaire pour qu’ils se produisent, sans limites. Dès lors quelle raison aurait un électeur attaché à ces valeurs de voter pour les Démocrates ?
Les soupçons de corruption ou d’inféodation aux puissances étrangères sont partout, frappent quasiment tout le monde et ne jouent plus un effet répulsif. Trump soupçonné d’être manipulé par la Russie et mis en cause dans un nombre incalculable d’affaires l’emporte car son/sa rival est dans la même situation, du moins dans l’imaginaire collectif. Et il bénéficierait de “protections”, contrairement à Trump, victimisé.
Le critère de la compétence est devenu résiduel. L’authenticité est bien plus importante. Les électeurs attendent une incarnation, une faculté à capter les aspirations du moment et une capacité à agir sans empêtrements excessifs dans les règles de droit ou le formalisme.
Le système démocratique peut-il continuer à prospérer dans ces conditions ? C’est douteux.
D’autant que, rejeté de l’intérieur, le modèle démocratique est aussi déclassé à l’international au profit du système porté par les #BRICS. Le “deux poids, deux mesures”, partout et tout le temps est devenu intolérable pour les peuples. Les BRICS n’ont jamais prétendu incarner la démocratie et donner des leçons de morale à tout le monde.
Leurs dirigeants disposent du temps long, tandis que ceux des démocraties sont de passage. Les premiers sont des Empereurs qui veillent à défendre leur intérêt national, leur souveraineté, leur puissance. Les autres, des communicants, des hommes de l’instant sans ancrage idéologique et influençables.
En réalité, le succès de Trump est celui d’un dirigeant fort mais fantasque et imprévisible sur une rivale considérée comme raisonnable mais structurellement faible. Un président des Américains plus que de la République fédérale américaine.
Que signifie le retour victorieux de Trump ?
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