Rachida Dati “n’ayez pas peur” dit-elle…

par Valerie Morales Attias
6 minutes lire

Avec ces premiers mots étonnants, la maire du 7e arrondissement de Paris a immédiatement cherché à rassurer le monde de la Culture dont elle vient de prendre la tête. Il est vrai que la nouvelle patronne de ce portefeuille ministériel si cher à la culture française, n’est pas exactement expérimentée en la matière, mais elle a des arguments. Le Maroc s’en réjouit, la France, moins.

Sa nomination comme ministre de la Culture au “pays des lumières” le 12 janvier dernier a fait jaser. Dans le milieu politique parisien comme dans celui des grands acteurs du monde culturel, le doute plane quant à ses compétences en la matière. Depuis l’annonce de la nomination de la ministre, c’est la consternation : “l’actrice Anna Mouglalis est horrifiée, comme bon nombre de ses camarades. Elle écrit : “Naaan ! De toute façon, la culture a été bien détruite, mais elle reste vivante et sa fonction est de résister“, tandis qu’Anne Hidalgo, plus ironique, souhaite “bon courage” aux fidèles adeptes de l’érudition dans les arts. Autre récrimination, celle de l’avocat Charles Consigny, ancien candidat LR aux législative : “C’est un bras d’honneur pour le monde de la culture, il y a quelque chose de drôle dans la nomination de Rachida Dati à la Culture”, s’amuse-t-il : “Je l’imagine en rendez-vous avec les snobinards du cinéma qui défilent toute l’année dans son bureau pour avoir de l’argent. Je l’imagine avec les metteurs en scène ‘woke’ qui demandent de l’argent pour leur nouvelle pièce sur la transidentité sur la lune les jours impairs, ça m’amuse”. Il est vrai, qu’en ce qui concerne le woke, avec Rachida, on repassera.

Elle a la réputation ambigüe de faire toujours cavalier seul et cette fois il semblerait qu’elle soit plus isolée que jamais parmi les siens. On sait évidemment que l’ambition de la dame ne se résume pas à ce ministère “modeste” pour elle.  Elle en a occupé de plus importants comme celui de la justice sous Nicolas Sarkozy, où elle fut Garde des sceaux de 2007 à 2009. Son poids politique sur l’échiquier était solide, aujourd’hui, il l’est un peu moins. La faute à Eric Ciotti le Président des Républicains qui a promptement exclu la traîtresse du Parti. Pour comprendre la réaction de Ciotti, qui considère probablement Rachida Dati comme une abominable girouette, il faut se souvenir que dernièrement, Dati raillait le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, trop complaisant, selon elle, avec les délinquants. « En marche !” disait-elle alors, “c’est quoi ? Des traîtres de gauche, des traîtres de droite. C’est ça, ce parti ! »  Traîtresse, elle-même ? Probablement. Mais serait-elle donc la seule dans ce milieu à avoir retourné sa veste ? La ministre roule souvent pour elle-même et c’est parfois difficile de la suivre. On lui reconnaît malgré tout quelques qualités : l’énergie, la ténacité, la combativité et la détermination. Elle aime se battre, c’est un fait, et son nouvel objectif au sein de son ministère est intéressant : incarner une culture populaire moins élitiste. Mais, qu’on ne s’y trompe pas. Sa véritable ambition, autrement plus importante pour elle, reste celle de gagner Paris en 2026. On parle même d’un deal avec Emmanuel Macron dans ce sens. Il se murmure qu’elle aurait obtenu l’assurance d’être la candidate macroniste aux municipales à Paris en 2026. Pas si sûr, car en-même-temps… etc.

Une histoire d’amour avec le Maroc

A Rabat, les choses sont claires.  Ce n’est pas un secret, on aime beaucoup Rachida Dati. On a admiré son parcours, sa combativité de jeune femme issue de l’immigration et du monde ouvrier, parvenue aux responsabilité politiques les plus hautes en France. On a compris son propos après sa nomination à la Culture, quand elle a déclaré : “On ne peut pas se désespérer d’avoir un gigantesque problème d’intégration en France et regretter une nomination comme la mienne à la Culture », en référence à ses origines populaires et immigrées. Ses détracteurs français de tous bords n’ont qu’à bien se tenir, elle s’estime, à tort ou à raison, être victime désormais d’un véritable « mépris social ». Son milieu modeste et son éducation franco-marocaine touche les cœurs, ici. Quand elle déclare : “Nous avons un problème d’intégration qu’il ne sert à rien de nier, y compris pour les enfants français qui se sentent totalement exclus du pacte républicain”, elle marque des points à Rabat, et quand elle estime que la culture “est l’une des réponses au problème d’intégration. Il faut diffuser la culture dans tous les territoires, auprès de tous les publics, surtout auprès de ceux qui en sont les plus éloignés. », elle est applaudie par tous les Marocains sensibles à son discours généreux. Celles et ceux du Maroc, qui ont des membres de leur famille en France, retrouvent l’espoir d’un meilleur avenir intellectuel pour leur diaspora. Et, en-même-temps, Emmanuel Macron, qui n’est jamais en reste, se joint à l’opinion marocaine quant aux qualités de sa nouvelle ministre de la Culture : “une femme issue de la diversité qui incarnerait le mouvement, l’action. Il ne supporte plus ces ministres captifs de leur administration qui viennent devant lui réciter des fiches qui ne révolutionnent rien. Il veut en finir avec des ministres trop techniques, et surtout rompre avec cette “intelligentsia bobo icône des médias”. L’essentiel à ses yeux : avoir une personnalité qui ait une histoire à raconter, qui s’est élevée par la culture.” Explique un proche. Après tout,pourquoi pas ? Un autre fait avait déjà enflammé le Maroc pour Rachida le 5 mai dernier, lors de sa visite avec Éric Ciotti dans le Royaume. En opposition avec la politique étrangère menée par Emmanuel Macron, ces deux célèbres figures politiques avaient affirmé sans détour reconnaître la souveraineté du royaume sur le Sahara occidental. Propos repris par la presse ces jours derniers quand celle-ci s’est réjouie de l’attribution du ministère de la culture à l’ex-garde des sceaux. On apprécie ici son entrée au gouvernement. Peut-être y voit-on un autre coup de pouce qui pourrait aider la France à faire le pas en faveur d’une reconnaissance par l’Hexagone de la marocanité du Sahara.

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