Afrique : des opinions publiques en rupture avec le système de valeurs occidental et perméables à la désinformation

par Camilo Pallasco-Prophette
40 minutes lire

Par Camilo Palasco Prophette et Martin Hébert

Comprendre le phénomène de recul de l’influence française exige dans un premier temps de prendre la mesure du déphasage culturel et moral qui semble s’opérer entre l’Occident et l’Afrique. La réémergence du « désir de souveraineté » fait aujourd’hui le lit des idéaux postcoloniaux qui infusent de plus en plus les mentalités africaines, contribuant à la déconstruction du système de valeurs occidental démocratique et libéral importé.

Le renouveau du désir de souveraineté, reflet d’une volonté de réappropriation politique de la jeunesse africaine

Au-delà de leur seul rapport à l’ancienne puissance coloniale et du médiatique « sentiment antifrançais », les sociétés d’Afrique francophone sont en réalité traversées par une puissante lame de fond souverainiste, constituant la rente politique des régimes militaires. Ce désir de souveraineté peut s’interpréter comme une aspiration à se réapproprier le jeu politique national, à deux niveaux.

Bien que non démocratiques, les coups d’État sont paradoxalement accueillis comme des moments de respiration

Au niveau du rapport des populations à l’État, tout d’abord, un consensus critique vis-à-vis des élites politiques s’est progressivement imposé dans les opinions publiques, sur fond d’échec du modèle de gouvernance démocratique occidental. Largement perçues comme autoritaires et corrompues, ces élites profiteraient d’un faux-semblant démocratique pour se maintenir au pouvoir en dépit des dispositions constitutionnelles établies. Les multiples tentatives, réussies ou non, des présidents africains en exercice pour contourner les limitations de mandat ont largement contribué à fragiliser la confiance des populations et la gouvernance(297). Bien que non démocratiques, les coups d’État sont paradoxalement accueillis comme des moments de respiration politique tout comme l’opportunité de rompre avec un système de gouvernance jugé dysfonctionnel. Au Mali, cette volonté de rupture s’est incarnée dès 2020 dans le mouvement nationaliste de contestation au régime d’Ibrahim B. Keïta, à travers le slogan du « Nouveau Mali » (Mali Kura) sur lequel s’est construit l’actuelle transition militaire(298). De même, le discours démagogique du chef de la junte guinéenne prononcé aux Nations unies en septembre 2023, donne le ton de ce changement d’ère auquel aspire aujourd’hui une grande partie de la jeunesse : « le modèle démocratique insidieusement et savamment imposé à l’Afrique ne fonctionne pas […] ce modèle a surtout contribué à entretenir un système d’exploitation et de pillage de nos ressources et une corruption très active de nos élites(299) ».

Le rôle primordial des réseaux sociaux

À l’ère d’Internet, cette volonté de réappropriation portée par les nouvelles générations en âge de voter s’exprime par ailleurs au niveau des pratiques militantes et des nouvelles formes d’expression citoyennes en ligne, en marge des canaux politiques et médiatiques traditionnels (radio, télévision, journaux). L’affirmation fulgurante de la téléphonie mobile et des plateformes de médias sociaux au cours des deux dernières décennies(300) a façonné de jeunes générations citoyennes, urbaines, connectées et désormais en mesure de s’informer par elles-mêmes. Les applications, WhatsApp et Telegram en tête, jouent en effet un rôle majeur dans la réappropriation de l’information par les citoyens et dans la multiplication des récits alternatifs à la parole publique, noyée dans un flux d’informations continu : « Ces nouvelles applications ont révolutionné l’accès à une participation ouverte aux affaires sociopolitiques, car tous les citoyens […] sont désormais en mesure d’écouter des Facebook live, d’animer des TikTok live, d’enregistrer des notes vocales et de partager des contenus(301) ». Gratuites et faciles d’utilisation par un smartphone, elles permettent la création de discussions anonymes qui sont autant d’espaces d’expression pour les contrediscours politiques que de relais de désinformation. Se forme ainsi un écosystème informationnel particulièrement complexe, en ligne et hors ligne, où s’entrelacent médias traditionnels, plateformes de médias sociaux et bouche-à-oreille(302), contribuant à flouer les frontières entre la simple opinion, l’information vérifiée et la désinformation délibérée(303). Dans ce contexte, les discours antisystèmes et déconstructivistes trouvent une place de choix.

L’influence de l’école postcoloniale dans la déconstruction du système de valeur occidental et la volonté de réappropriation culturelle africaine

La grille de lecture de l’école postcoloniale

Souvent associée à l’académie progressiste nord-américaine, ou décriée par certains comme une facette du « mouvement woke », l’école postcoloniale étend ses fondements et répercussions bien au-delà. Spécialiste des études postcoloniales, le Dr Martin Bayly décrit cette école comme « visant à dévoiler les effets résidus de l’époque coloniale sur l’organisation du système international. Il s’agit de comprendre les biais coloniaux dans la grille de lecture du monde que nous et nos gouvernements utilisons(304) ».

Tirant son essence des philosophes contemporains comme Michel Foucault, Jacques Lacan, Edward Saïd ou encore Aimé Césaire, ce courant s’institutionnalise dans les années 1980 sur les campus américains pour questionner la perception de l’Occident par rapport au « reste ». Certains questionnements critiques de l’école postcoloniale, notamment sur les effets déstabilisateurs des interventions au Proche-Orient et la prétention à la supériorité culturelle et morale des pays développés, ont favorisé une prise de recul des Occidentaux dans leur perception du monde.

Cette école a également souligné l’importance de considérer les cultures des pays où sont menées les opérations extérieures. Encore embryonnaire, l’éveil apporté par ce courant ne s’institutionnalisera cependant qu’après une substitution générationnelle(305).

Partant d’une démarche scientifique, les théories postcoloniales ont cependant fait l’objet de récupérations politiques, devenant contreproductives malgré elles. Déformées par nos compétiteurs stratégiques et les flux d’information rapides par internet, ces théories percolent aujourd’hui dans les opinions publiques africaines au profit d’agendas politiques extérieurs.

La récupération politique des théories postcolonialistes se retrouve dans la sphère militante « néo-panafricaniste

La Chine de Xi Jinping, par exemple, met en scène sa présence en Afrique comme une coopération entre pays victimes de l’impérialisme occidental capitaliste, jouant sur le souvenir des guerres de l’opium. De la même manière, la Russie de Vladimir Poutine inscrit sa présence en Afrique dans la continuité de la rhétorique « antiimpérialiste solidaire » portée par l’URSS pendant la guerre froide.

Parallèlement, la récupération politique se fait aussi de l’intérieur. Par exemple, par certains positionnements de partis d’opposition français réutilisant la méthode critique postcoloniale pour décrédibiliser le gouvernement en place et sa politique étrangère. En 2021 au Burkina Faso, Jean-Luc Mélenchon prétendait en ce sens porter une voix alternative à « l’impérialisme, au néocolonialisme et au paternalisme » français(306).

Cette récupération politique des théories postcolonialistes se retrouve dans la sphère militante « néo-panafricaniste ». Il existe en effet un continuum idéologique entre les théories postcoloniales et le mouvement historique du panafricanisme, porté par des figures comme Thomas Sankara ou Kwamé Nkrumah au moment des indépendances, notamment dans la conception d’un monde fractionné – voir racialisé – entre dominants et peuples opprimés(307).

Mouvement politique anticolonialiste par essence, le panafricanisme promeut la coopération africaine avec des « puissances émergentes » et la rupture totale avec les systèmes de prédation économique et politique hérités de la colonisation occidentale. Ce mouvement vit actuellement une renaissance sur le continent et dans les diasporas africaines sous l’influence d’organisations comme Urgences panafricanistes ou La Chaine des panafricanistes.

Leurs militants s’appuient également sur des théories postcoloniales pour porter leur combat en vogue auprès de la jeunesse africaine, en mobilisant l’idée d’une « deuxième indépendance par le bas », culturelle et identitaire(308), souvent extrémiste et diabolisant l’Occident et la France. Ces mouvements politiques sont en première ligne des campagnes d’influence antifrançaises sur le continent, capitalisant en particulier sur le ressenti négatif des populations à l’égard de la présence militaire, décrite comme le symbole ultime de l’ingérence française.

Le ressentiment anti-France comme ressource politique

Devenue en quelques années la puissance occidentale la plus attaquée sur le plan informationnel, la France doit aujourd’hui faire face à une myriade d’acteurs portant atteinte à sa réputation et à son image. En Afrique, trois types d’acteurs aux intérêts parfois convergents mobilisent le ressentiment anti-France en tant que ressource politique de premier ordre : les entrepreneurs politiques néopanafricanistes, les régimes militaires en place et les puissances étrangères, en particulier la Russie.

Les mouvements néopanafricanistes, forces vives de la mobilisation anti-France

Dans le milieu du militantisme politique francophone, les adeptes du néopanafricanisme s’illustrent comme les chantres de la mobilisation anti-France. Le plus écouté de ces néopanafricanistes est sans conteste le Franco-béninois Stellio Gilles Robert Capo Chichi, alias Kémi Séba, fondateur de l’ONG Urgences panafricanistes(en 2015 à Dakar) et auteur de plusieurs ouvrages philosophiques et militants. Adepte du kémitisme, il fonde son argumentaire sur la critique des « oligarchies » occidentales et africaines et la dénonciation historique de la « Françafrique ». Il s’est progressivement construit une légitimité politique auprès de la diaspora en France en développant une rhétorique révolutionnaire panafricaine particulièrement virulente dans les années 2000.

Reçu en 2018 par la chaîne Thinkerview, son audience cumule, fin janvier 2024, 1,3 million d’abonnés sur Facebook, près de 290 000 sur Instagram, 240 000 sur Twitter et 217 000 sur YouTube avec 185 vidéos mises en ligne. Il fonde et dirige en 2023 un nouveau média, Afrique Résurrection, dont certaines vidéos atteignent des millions de vues sur TikTok. Il assume, en outre, l’idée d’une convergence des luttes entre l’Afrique et la Russie contre « l’oligarchie occidentale » et se revendique proche du théoricien Alexandre Douguine, grand détracteur de la présence occidentale en Afrique.

L’influence des disporas

Il est fondamental de mesurer l’importance du rôle de la diaspora africaine francophone dans la percée numérique des « influenceurs » panafricanistes. Celle-ci est privilégiée à deux titres : bénéficiant du niveau de vie européen et d’un accès homogène à internet et à l’information, les populations de la diaspora profitent d’autre part d’une liberté d’expression sans commune mesure par rapport aux populations restées sur le continent.

C’est ainsi que la Suisse camerounaise Nathalie Yamb ou d’autres comme les Français Franklin Nyamsi et Egountchi Behanzin, dénoncent paradoxalement la colonisation des esprits et l’imposition des modes de vie européens aux Africains depuis leurs lieux de résidence en Europe. Au sein de cette galaxie militante, Nathalie Yamb apparaît comme la « youtubeuse » la plus suivie, cumulant plus de 360 vidéos en janvier 2024.

Elle se distingue également par son positionnement particulièrement pro-russe. Surnommée « La Dame de Sotchi » depuis sa participation au Sommet Russie-Afrique en 2019, elle n’hésite pas à faire les louanges des rapprochements diplomatiques successifs entre les juntes sahéliennes et le régime russe sur ses réseaux sociaux. Elle relaye également, de manière systématique, l’actualité géopolitique favorable à l’image d’un Vladimir Poutine, champion de la lutte contre l’Occident et ses valeurs, à l’aune de la guerre en Ukraine.

Une rhétorique antioccidentale

Sur le continent, l’essor de mouvements citoyens d’opposition dans plusieurs pays a coïncidé avec le développement d’organisations porteuses d’une nouvelle radicalité panafricaine. Si les premiers ont émergé dans l’opposition aux politiques locales, les secondes mobilisent plus directement la rhétorique antioccidentale au cœur de leur combat politique.

Dès 2011 au Sénégal, le mouvement Y’en a marre a cristallisé les critiques contre le président A. Wade et fédéré un réseau d’organisations sous la bannière panafricaine. En 2021, le mouvement s’allie avec le collectif antifrançais FRAPP – France Dégage du député de l’opposition Guy Marius Sagna, pour dénoncer la supposée mainmise de la France derrière le régime de Macky Sall.

Au Mali, l’association Yerewolo-Debout sur les Remparts a émergé en 2020 dans l’opposition au président I. B. Keïta, sous la férule de Ben Diarra, dit « Ben le Cerveau », aujourd’hui emprisonné pour avoir demandé le respect de la fin de la transition en février 2024. Fer de lance des manifestations en soutien au putsch d’août 2020 et exigeant le départ des troupes étrangères (Barkhane et MINUSMa), ce dernier adopte pour autant une posture favorable à l’accueil des mercenaires russes de la société privée Wagner.

La porosité entre mouvements citoyens et néopanafricanistes est toutefois moins évidente au Burkina Faso. Le mouvement Balai citoyen, pacifiste et pro-démocratique, s’est opposé en octobre 2023 aux autorités de la transition, récoltant dès lors l’hostilité des néopanafricanistes ralliés au capitaine Ibrahim Traoré. Ces activistes, à l’image de Nestor Podassé, eurent une influence notable dans les manifestations violentes contre les représentations culturelles et diplomatiques françaises d’octobre 2022.

Le jeu de communication politique des nouveaux autocrates sahéliens

La proximité avec la France est couteuse électoralement

Le contrôle de l’information est un enjeu majeur dans la conservation du pouvoir. Depuis plusieurs décennies déjà, certains gouvernements d’Afrique francophone en difficulté utilisent la critique de la politique française pour justifier leurs propres incuries, contribuant ainsi à véhiculer l’idée d’un « complot français » derrière tous les maux africains, notamment sécuritaires.

Mais d’une manière générale, il est désormais fondamental de considérer que pour les dirigeants africains, la décision de s’engager dans une relation militaire étroite et assumée avec la France peut apparaître comme coûteuse. Sur le plan politique, ces derniers mesurent en effet le risque croissant d’être perçus par l’opinion publique comme inféodés à l’ancienne puissance coloniale, d’autant plus prégnant dans le contexte d’une des plus ambitieuses opérations extérieures françaises.

Cette nouvelle donne se répercute en matière de coopération internationale et pousse aujourd’hui la majorité des États africains à une diversification croissante de leurs partenariats, notamment militaires, à rebours de l’exclusivité longtemps réservée à la France. Ainsi, de la simple diversification partenariale au rejet de la présence française, s’opère davantage un calcul politique classique coûts/avantages qu’une véritable haine viscérale de la France.

Sur ce registre, les militaires putschistes du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont respectivement mis en place des stratégies de communication politique pour légitimer leurs coups d’État, en faisant de la France leur bouc émissaire. Les putschistes ont ainsi construit une rhétorique souverainiste sur l’échec sécuritaire des gouvernements civils, soutenus militairement par la France.

Le Mali comme déclencheur

En ce sens, la critique de l’inefficacité du soutien français, largement répandue au Mali avant le coup d’État d’août 2020, a constitué une manne politique pour les nouveaux hommes forts du pays. La mésentente entre Bamako et Paris sur le statut de Kidal, fief touareg repris en 2013, a notamment été instrumentalisée par les autorités maliennes pour porter des accusations mensongères et ainsi véhiculer la rumeur d’un « complot français » soutenant la partition du Mali.

Au mépris de toute convention diplomatique et de la véracité des faits, la désinformation sans preuve est devenue la marque de fabrique du régime malien pour faire diversion sur la situation critique du pays.

De la même manière, au Burkina Faso, le second putsch d’Ibrahim Traoré, en septembre 2022, s’est accompagné d’une inflexion dans l’emploi d’une propagande antifrançaise. Les militaires ont ainsi soupçonné la France d’abriter le lieutenant-colonel Damiba dans la base de Kamboinsin, avant de demander le départ de la force Sabre et celui de l’ambassadeur Luc Hallade en janvier 2023.

L’alliance entre les juntes et les sphères néo-panafricanistes et le contrôle médiatique

La nouvelle junte s’est ensuite lancée dans une vaste entreprise de contrôle médiatique et de désinformation soutenue par la Russie et marquée par l’interdiction, en mars 2023, des médias français RFI et France 24, suspectés de « manipuler » l’opinion nationale.

Ce récit du complot français a enfin été repris par les putschistes au Niger, accusant Paris d’avoir libéré des terroristes, violé l’espace aérien du pays et de préparer une offensive pour restituer le président Mohamed Bazoum.

Dans ces trois pays s’opère une reconfiguration du pouvoir politique autour d’une alliance objective entre les juntes et la sphère néo-panafricaniste. Reçus à l’égal de chefs d’État, les « stars » du néopanafricanisme représentent de puissantes caisses de résonance pour les juntes, afin de consolider leur récit souverainiste et relayer une rhétorique antifrançaise.

Après sa tournée au Mali et au Burkina Faso en mai 2022, Kémi Séba s’est ainsi rendu à Niamey en septembre 2023 en soutien au général Abdourahamane Tiani, « pour continuer ce travail de déconstruction de la Françafrique et de propagation du panafricanisme ».

En décembre 2023, ce fut au tour de Nathalie Yamb d’être reçue au Niger par la branche locale de l’ONG Urgences panafricanistes et le chef de la junte. La rencontre a été immédiatement relayée sur le compte Twitter du CNSP, le 20 décembre, deux jours avant un second tweet félicitant le départ des derniers militaires français.

Dans sa chronique vidéo publiée à la suite de sa semaine de tournée, Nathalie Yamb s’est, de son côté, attachée à rassurer son auditoire sur la détermination des nouvelles autorités nigériennes à rompre avec la France, sans hésiter par ailleurs à justifier leur maintien au pouvoir pendant dix ans.

Le 28 décembre, c’est enfin l’activiste Franklin Nyamsi qui eut l’opportunité de se rendre à Niamey pour « saluer le leadership panafricaniste du Niger » et contribuer à la stratégie de communication du régime.

Mais en dépit de leurs discours souverainistes de façade, ces juntes s’appuient sur le savoir-faire de puissances étrangères en matière d’influence.

Les manœuvres d’influence étrangères hostiles à la présence française en Afrique

Les récents bouleversements du paysage politique africain et le retrait militaire français ont créé un vide de pouvoir que les puissances émergentes se pressent de combler. À cela s’ajoutent la jeunesse et la connectivité de la population africaine, 70 % de sa population ayant moins de 30 ans et s’informant en majorité par les réseaux et médias sociaux. Ces flux d’information incontrôlés et globalisés constituent un terrain de choix pour les campagnes d’influence de nos compétiteurs.

La Turquie articule depuis plusieurs années une stratégie d’influence agressive contre les intérêts français en Afrique.

L’effritement de l’Empire ottoman a laissé une plaie ouverte dans l’orgueil national turc, que Recep Tayyip Erdogan entend refermer par une politique de renaissance nationale.

La Turquie capitalise sur le reflux de l’influence française en Afrique par une diplomatie religieuse et la coopération sécuritaire. Bien qu’étant une République laïque, la Turquie d’Erdogan s’est vue renouer avec l’identité islamique et la nostalgie du Califat. C’est par ce biais qu’Ankara parvient à se positionner en tant que partenaire de choix en attisant la sympathie des élites politiques africaines.

Au Mali, Ankara avait notamment fait construire des mosquées à Bamako destinées au Haut Conseil Islamique, mais aussi dans la ville natale du président Keïta. La Turquie mise, par ailleurs, sur son offre sécuritaire pour étendre son influence, par la signature de traités de défense avec certains pays et la conquête du marché des drones militaires. Ainsi, le drone TB2 de la société Bayraktar, dirigée par un proche du pouvoir, est rapidement devenu le « porte-drapeau » de la diplomatie d’Ankara en Afrique.

En Libye également, l’influence turque et française s’oppose. Depuis 2011 et la chute du colonel Khadafi, la Libye est scindée entre le gouvernement de Tripoli d’Al-Sarraj et celui de Tobrouk du maréchal Haftar. Bien qu’officiellement alignée avec Tripoli, Paris soutient les troupes du maréchal Haftar pour lutter contre l’expansion du terrorisme.

Mais ces efforts se heurtent au soutien turc envers le gouvernement de Tripoli, ayant déjà eu des répercussions concrètes. En 2019, alors que le Maréchal Haftar s’apprêtait à marcher sur Tripoli et unifier le pays, la Turquie déploya ses troupes en soutien à Tripoli, repoussant les troupes alliées à la France.

De même, en 2020, un bâtiment de la Marine nationale, chargé d’inspecter un navire commercial turc suspecté de transporter des armes vers Tripoli, fut menacé de tirs de sommation par une frégate turque.

L’escalade des tensions en mer Méditerranée entre les deux pays s’est immédiatement traduite dans le champ informationnel, à travers un recours à la désinformation du côté turc, insistant sur la nature « néo-coloniale » de la politique africaine de la France.

La Chine développe une réelle stratégie d’influence fondée sur la voie alternative à l’Occident

Si les velléités géopolitiques chinoises en Afrique ne sont pas explicitement dirigées contre la France, depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2013, la Chine se voue à une politique de « grande renaissance nationale ».

Mettant en avant son image d’État du Sud s’étant relevé du « siècle de la honte » dont l’Occident est bourreau, Pékin joue sur le narratif d’une coopération plus égalitaire (« gagnant-gagnant ») et sans condition morale pour acquérir des parts de marché. Ainsi, la Chine s’est vue intégrée, comme aucun autre acteur, dans les structures africaines de sécurité régionale.

La subvention et l’entraînement des effectifs militaires de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CÉDÉAO) depuis 2016 en est l’exemple le plus notoire, tout comme le financement de l’Architecture de paix et sécurité africaine (APSA), notamment chargée du commandement des African Standby Forces.

C’est enfin dans le secteur de l’armement que la Chine profite de l’absence d’industries françaises compétitives sur le marché africain, une expansion du marché de l’armement chinois qui s’explique par les « prix amicaux » de Pékin. Aujourd’hui, deux tiers des armées africaines utilisent des armements chinois, dont les arsenaux du Mozambique, de la Zambie et de Tanzanie sont composés à 90 %.

C’est avant tout la Russie qui déploie depuis plusieurs années une stratégie d’influence particulièrement agressive contre la France en Afrique.

Depuis l’éveil de son inertie postsoviétique et l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir, la Russie a misé sur le continent africain en espérant tirer parti des ressources naturelles et du capital humain africain en pleine expansion.

Profitant du ressentiment antifrançais, l’expansion russe en Afrique repose, en grande partie, sur la récupération politique des discours panafricanistes et postcoloniaux mentionnés précédemment, mais aussi sur l’instrumentalisation des incohérences de la politique française. Il s’agit de persuader les sociétés africaines que la Russie incarne un nouveau modèle prometteur, remplaçant la présence occidentale perçue comme hypocrite.

En 2022, Vladimir Poutine dénonçait le « colonialisme économique et idéologique de l’Occident » et joue régulièrement sur l’opposition entre le progressisme occidental et le traditionalisme caractérisant les structures sociales africaines pour alimenter les polémiques antioccidentales. Il avait notamment dénoncé la « crise morale » de l’Occident et la « perte de ses valeurs chrétiennes », appelant à répondre à la « culpabilité de la colonisation ».

C’est cependant à travers le groupe Wagner que Moscou avance son agenda géopolitique en Afrique francophone. Par son statut officiellement privé, Wagner sert de zone grise à la projection militaire russe en Afrique.

Présente à ce jour dans quatre pays d’Afrique francophone (Mali, Burkina Faso, Libye, Centrafrique) et très probablement bientôt au Niger, la société Wagner est parvenue à s’implanter à plusieurs niveaux.

En Centrafrique, Wagner a entrepris d’amplifier le ressentiment antifrançais pour étendre son emprise sur le régime Touadéra. Ainsi, en 2018, Wagner lança la radio Longo Songo pour émettre de la propagande antifrançaise et pro-russe en continu et se vanter de mener une guerre « contre le système colonial ».

Ce sont, par ailleurs, les réseaux sociaux qui accueillent la plus virulente propagande pro-russe. En témoignent les dessins animés de conception Wagner, relayés sur des canaux WhatsApp ou Telegram, où le « rat Emmanuel » au béret et drapeau tricolore, pillant métaphoriquement l’Afrique, est délogé à coups de massue par un soldat Wagner.

Scénario similaire, des soldats Wagner viennent annihiler les « démons de Macron » prenant des soldats maliens en tenaille. Plus explicitement, des trolls de Wagner avaient relayé des photos montrant de supposés soldats français pillant des lingots d’or maliens, s’avérant être des photos de soldats américains en Irak posant avec des lingots de cuivre.

Depuis l’opaque mort d’Evgueni Prigojine, à la suite de sa menace de putsch à l’été 2023, la présence des mercenaires russes s’est répartie entre plusieurs labels comme RedutConvoy ou encore Africa Corps, continuant encore aujourd’hui à relayer des narratifs contre la présence française, militaire en particulier.

L’armée française en première ligne de la guerre de l’information

Contrainte de gérer « l’urgence et l’histoire en même temps », la France s’est progressivement retrouvée au centre de la guerre des perceptions dans les zones où elle était engagée militairement. Depuis de nombreuses années, l’interventionnisme militaire français cristallise de manière significative les procès en ingérence néocoloniale. C’est sur ce mécontentement, amplifié dans le contexte de l’opération Barkhane, que les campagnes de désinformation antifrançaises ont proliféré.

L’interventionnisme militaire français comme objet de crispation dans les imaginaires africains

En dépit d’une baisse drastique de ses effectifs en 50 ans, l’armée française a mené plus d’une cinquantaine d’opérations extérieures (OPEX) entre 1960 et 2014, contribuant à bâtir l’image d’une France « gendarme de l’Afrique francophone ». Cet interventionnisme est au cœur des frustrations parfois ressenties à l’égard de la France, allant des simples déceptions quant au bilan de l’action militaire française, largement incompris par les opinions publiques africaines comme françaises, aux mobilisations les plus virulentes contestant la tendance française à l’ingérence politique et militaire.

Depuis l’opération Turquoise (Rwanda, 1994), la France est devenue la cible d’accusations de complicité pour les crimes de masse commis par le gouvernement rwandais de l’époque. S’il n’atteste aucune complicité de l’État français dans le génocide, le rapport Duclert conclut sur les « responsabilités accablantes » du système mitterrandien, par son aveuglement dans le soutien politique au régime « raciste, corrompu et violent » du président Habyarimana.

la volonté du président Emmanuel Macron de « faire la lumière » sur le rôle de l’État français dans le génocide rwandais a débouché sur la légitimation d’un mobile de condamnation pour les détracteurs de la France

Cette volonté a débouché, en matière de communication politique, sur la légitimation d’un mobile de condamnation pour les détracteurs de la France, à commencer par l’actuel régime de Kigali.

Avec les opérations Licorne (Côte d’Ivoire, 2002-2015) et Harmattan (Libye, 2011), la France s’est exposée en tant qu’acteur des crises politiques ivoirienne et libyenne, en donnant du poids aux accusations d’ingérence.

Le cas ivoirien illustre, à ce titre, le phénomène de mobilisation anticolonialiste dans un contexte interventionniste, révélateur des nombreux griefs des jeunes manifestants ivoiriens à l’encontre de l’ancienne puissance coloniale. En effet, si leur mobilisation fut largement instrumentalisée par les tenants du régime de Laurent Gbagbo, ces jeunes patriotes « avaient trouvé dans la cause anticolonialiste un vecteur d’autonomisation : le discours de la libération nationale servait une autre forme de lutte d’émancipation, générationnelle, familiale, communautaire, économique et, in fine, politique ».

En d’autres termes, la mobilisation rurale sur le registre de la libération nationale employé par le régime Gbagbo ne fut pas seulement opportuniste, mais bien le reflet des aspirations émancipatrices d’une nouvelle génération, amplifiées par le contexte de l’intervention militaire française.

Les conséquences de l’opération Harmattan furent tout aussi néfastes pour l’image française. De la même manière que le président Gbagbo fut déposé avec le soutien de l’armée française, l’élimination du « Guide » Mouammar Kadhafi a été largement mise en avant comme une expédition punitive de l’OTAN menée par le président Nicolas Sarkozy.

C’est finalement l’engagement prolongé au Sahel (2013-2022), par l’opération Serval puis Barkhane, qui cristallisa, jusqu’à la rupture politique

Dès janvier 2013, le choix tactique français de permettre aux autonomistes touaregs de rester à Kidal en échange de leur soutien dans la lutte contre les djihadistes suscita l’incompréhension de Bamako. En dépit des efforts de stabilisation engagés à plusieurs niveaux (G5 Sahel, MINUSMa, Takuba), les tensions diplomatiques entre Paris et ses partenaires montèrent, sur fond d’une aggravation sécuritaire, jetant le doute sur l’utilité de l’aide occidentale.

De manière concomitante, le pic de violence de l’année 2019 – la plus meurtrière depuis 2012 – fut suivi par un déversement de fausses informations et de publications antifrançaises relayées sur les médias sociaux. Ainsi, indépendamment du débat sur la légitimité des opérations françaises, déclenchées à la demande des partenaires et sur la base d’accords, la France paye aujourd’hui le prix fort dans le champ des perceptions.

Une armée française accusée de tous les maux

La France agit donc dans un contexte informationnel propice aux manipulations concernant sa présence militaire. Dès le mois de novembre 2019, l’armée française est devenue la première cible d’une désinformation massive en ligne, ciblant des imaginaires africains déjà perméables aux discours conspirationnistes.

Sans prétendre à l’exhaustivité, trois principaux messages ont structuré les campagnes de désinformation contre l’opération Barkhane.

Le premier message portait sur la nature néocolonialiste de l’armée française et ses prétendues velléités prédatrices. Au Mali, des vagues d’infox sur Facebook, Twitter et TikTok furent en effet relayées, parfois en langues locales, pour dénoncer l’opération Barkhane comme une force d’occupation visant à piller les ressources des pays hôtes.

Depuis 2013, les armées françaises intervenaient pourtant sur demande des États africains et dans le plein respect de leur souveraineté, en s’attachant justement à promouvoir l’autonomisation de leurs partenaires.

Un deuxième message massivement relayé consistait à dépeindre l’armée française comme l’instrument d’une politique de déstabilisation à grande échelle. Au Mali, plusieurs narratifs ont pu véhiculer l’idée d’une armée française « soutenant la partition du pays », en prenant l’exemple du statut particulier de la ville de Kidal.

Au Niger, elle aurait par ailleurs attaqué la base militaire de Diffa en novembre 2019, sans que la preuve d’une telle attaque ne soit avancée.

À l’inverse, la stabilisation était au cœur de la stratégie française, qui comportait notamment, en lien avec l’Agence française de Développement (AFD), un volet d’actions civilo-militaires au profit des populations.

Davantage dans une logique de criminalisation, le troisième message largement diffusé visait à persuader les populations que l’armée française soutenait financièrement et matériellement les groupes djihadistes.

Ce fut notamment le cas au Mali où la France fut accusée de livrer des motos, des armes et du renseignement aux groupes qaïdistes, afin de faire diversion des échecs sécuritaires de Bamako.

Bien au contraire, entre décembre 2014 et juin 2022, il est important de rappeler que les succès tactiques de la force Barkhane ont permis de neutraliser une vingtaine de chefs djihadistes d’al-Qaïda et de l’État islamique.

Le caractère ubuesque de ces différents exemples démontre à quel point la viralité des fausses informations ne dépend pas de leur crédibilité.

La solidité des narratifs engagés compte en réalité assez peu auprès d’individus préalablement acquis à la critique, voire clairement hostiles.

C’est donc avant tout sur la non-objectivité des publics cibles que se jouent les campagnes de désinformation, fondées sur l’instrumentalisation des biais cognitifs individuels.

Ce sont en effet les biais cognitifs, ces « déviations inconscientes » du cerveau humain, qui façonnent le rapport des individus à l’information et, ce faisant, leur rapport à la réalité. En d’autres termes, en l’absence d’une rationalité systématique dans le traitement de l’information, l’objectivité des faits ne constitue pas nécessairement un mobile d’adhésion pour un individu.

En témoignent les limites des entreprises de vérification des faits (fact-checking) contre la désinformation massive, qui ne cesse de croître malgré le lancement de plusieurs initiatives africaines (Africa CheckFactoscopeAfrictivistes). À cela s’ajoute, en Afrique subsaharienne, un faible investissement public dans la recherche scientifique et journalistique sur le phénomène de la désinformation.

L’affaire de Gossi, une victoire informationnelle en demi-teinte

L’épisode le plus marquant des campagnes de désinformation contre l’armée française au Sahel reste sans conteste l’affaire du charnier de Gossi. Le 21 avril 2022, soit deux jours après la rétrocession de la base de Gossi aux forces armées maliennes (FAMa), un faux compte Twitter dénommé Dia Diarra diffuse des images montrant des corps humains ensevelis, avec pour commentaire : « C’est ce que les Français ont laissé derrière eux quand ils ont quitté la base à #Gossi (…) on peut pas garder le silence sur ça ! ».

Le lendemain, l’état-major français réplique immédiatement en diffusant des images capturées par drone et déclassifiées, dévoilant la mise en scène des mercenaires de Wagner en train d’enterrer et de filmer les corps à trois kilomètres de la base de Gossi.

Selon plusieurs sources, ce charnier aurait été constitué avec les corps des victimes massacrées par les FAMa et Wagner le 19 avril, dans la localité d’Hombori située à 70 km de Gossi.

La réactivité sur l’affaire de Gossi a permis d’illustrer la capacité d’anticipation et de riposte française dans le champ informationnel. En effet, la gestion du risque informationnel est désormais pleinement intégrée dans la manœuvre opérationnelle des armées françaises.

Les moyens aériens ont ainsi été mis en place pour surveiller le périmètre lors de l’évacuation de la base. Gossi constitue à cet égard un exemple de victoire du renseignement tactique rapidement exploité au niveau stratégique, ayant permis de limiter les effets d’une accusation de crimes de guerre contre la France.

Mais dans une guerre de l’information où l’initiative de l’attaque prime, distillant le doute parmi les populations et parfois même auprès de nos partenaires, la seule riposte semble insuffisante.

En l’occurrence, la manœuvre de contre-influence concernant Gossi n’a pas été complète et a eu des effets limités sur le terrain, en raison de l’absence de relais médiatiques locaux après la suspension de RFI et France 24 au Mali.

Les interventions médiatiques sur les chaînes françaises visant à rétablir les faits n’ont, en réalité, eu qu’un effet très limité au niveau local et sur les réseaux sociaux, où la désinformation avait déjà fait son œuvre.

L’affaire de Gossi nous rappelle à ce titre le caractère essentiellement offensif du combat informationnel et l’importance du « premier impact » sur le terrain numérique.

Interrogé sur les enseignements stratégiques de l’opération Barkhane en matière de guerre informationnelle, le chef d’état-major de l’armée de Terre soulignait l’importance de considérer aujourd’hui la légitimité de l’action comme un quatrième principe de la guerre, dans l’esprit du maréchal Foch (économie des forces, concentration des moyens, liberté d’action).

L’opération Barkhane fut, en ce sens, le laboratoire de la guerre informationnelle moderne pour les armées françaises.

Comme l’a justement souligné une analyse récente, « les stratégies de nos compétiteurs sont moins l’origine que l’accélérateur de notre perte de vitesse en Afrique ».

L’avenir de notre influence sur le continent dépendra de notre capacité à anticiper les changements structurels des sociétés africaines, même lorsqu’ils semblent aux antipodes des nôtres. Cela implique, en second lieu, de définir une stratégie claire dont les contours semblent se dessiner peu à peu, en considérant la nécessité de conserver des moyens au niveau local et régional pour faire valoir notre influence.

Camilo Pallasco-Prophette et Martin Hébert

Article originellement publié : « Les Campagnes d’influence contre les Armées françaises en Afrique ». Publié au printemps 2024 pour la revue annuelle des Jeunes de l’Institut des Hautes Études de le Défense Nationale. https://www.jeunes-ihedn.org/wp-content/uploads/2024/09/SENGAGERPARLAPLUME_5.pdf

Martin Hébert est diplômé en histoire des relations internationales à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il s’intéresse en particulier aux dynamiques politiques et sécuritaires en Afrique de l’ouest et à la coopération militaire française avec les pays du sud. Il est aujourd’hui en charge du soutien à la recherche académique sur les enjeux de sécurité et de défense au ministère des Armées.

Références

(297) SIEGLE, Joseph et COOK, Candace. « En Afrique, le contournement des limites de mandats fragilise la gouvernance ». Centre d’études stratégiques de l’Afrique [en ligne], 14 septembre 2020.

(298) RICARD, Maxime. « Mali Kura, Mali Fanga. La trajectoire politique du Mali sous domination militaire ». IRSEM [en ligne], 23 novembre 2022.

(299) DOUMBOUYA, Mamadi. Discours du colonel Mamadi Doumbouya à la tribune des Nations Unies. Portail officiel du gouvernement de la République de Guinée [en ligne], 21 septembre 2023.

(300) Measuring Digital Development: Facts and Figures 2023. International Telecommunication Union Publications [en ligne], 2023. Alors que 85 % des Africains possédaient un téléphone portable en 2018, 37 % ont aujourd’hui accès à internet, en dépit d’une pénétration numérique limitée en zone rurale.

(301) SOTO-MAYOR, Guillaume, MARE, Admire, et ONANIMA, Valdez. « Comprendre la désinformation en Afrique ». Le Grand Continent [en ligne], 26 octobre 2023.

(302) Ibid.

(303) Nous entendons ici distinguer la désinformation, en tant que manœuvre de subversion délibérée, de l’opinion, potentiellement erronée, mais exprimée librement et sans volonté de nuire.

(304) Entretien avec le Dr Martin Bayly à la London School of Economics and Political Science, janvier 2024.

(305) Ibid.

(306) BENSIMON, Cyril et DOUCE, Sophie. « Jean-Luc Mélenchon, l’autre discours de Ouagadougou ». Le Monde [en ligne], 22 juillet 2021.

(307) DABIRÉ, Stéphane Kader. « Le panafricanisme : analyse de l’histoire d’un mouvement fédéraliste ». Université du Québec à Montréal [en ligne], avril 2017.

(308) SAMBE, Bakary. « Retrait français du Niger : L’aube d’une nouvelle ère géopolitique africaine ». Timbuktu Institute [en ligne], 2023.

(309) VANTHOURNOUT, Charles. « Débat : L’Égypte noire est-elle une imposture ? ». The Conversation [en ligne], 6 mars 2023.

(310) Expression à l’origine employée par le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny pour qualifier les liens d’interdépendance vertueux entre la France et ses anciennes colonies, détournée plus tard par le journaliste militant François-Xavier Verschave (cofondateur de l’association Survie) sous une acception péjorative.

(311) PREMAT, Christophe. « Décoloniser les jeunesses africaines : le message politique diasporique de Kémi Séba ». Langues, Cultures, Communication [en ligne], Vol. 4, n°1, 2020, p. 113-126.

(312) Thinkerview. « Kémi Séba : Panafricanisme 2.0 ? » [vidéo en ligne]. Thinkerview, 21 novembre 2018, [consulté le 16 janvier 2024].

(313) Publiée le 8 juin 2023, la vidéo la plus consultée à ce jour (2,5 millions de vues) dénonce les supposés mensonges imposés par l’Occident par la projection Mercator du globe terrestre, afin de minimiser volontairement la taille du continent africain et, en cela, son importance géopolitique.

(314) DABO, Ibrahima. « Guerre d’influence et rapprochement entre la Russie et l’Afrique : le rôle des militants panafricains au service de l’influence russe sur le continent africain ». Centre Thucydide [en ligne], 1er février 2023.

(315) Originaire du Cameroun et devenu Français en 2002, F. Nyamsi est professeur de philosophie à l’Université de Rouen. Le Français d’origine togolaise E. Behanzin, de son vrai nom Sylvain Dodji Afoua, est quant à lui fondateur de la Ligue de Défense Noire Africaine dissoute en 2021 par le ministre Gérald Darmanin.

(316) POLET, François. « Afrique : des mobilisations citoyennes aux mobilisations néopanafricaines ». AOC [en ligne], 10 janvier 2024.

(317) Front pour une Révolution Antiimpérialiste, Populaire et Panafricaine (FRAPP).

(318) SY, Abou. « Y’en a Marre, Pastef, Frapp voient la main de la France derrière la vague des récentes arrestations ». Seneplus [en ligne], 3 mars 2021.

(319) BEGANSSOU, Prince. « Mali : Assimi Goïta a appelé Wagner parce qu’il comprend la guerre asymétrique (Adama Ben Diarra) ». Afrik Soir [en ligne], 14 février 2023.

(320) POLET, François. op. cit.

(321) NANA WENDPOUIRÉ, Michel. « Au Burkina Faso, qui sont les leaders du mouvement antifrançais ? ». Jeune Afrique [en ligne], 22 janvier 2023.

(322) VIRCOULON, Thierry, ANTIL, Alain et GIOVALUCCHI, François. « Thématiques, acteurs et fonctions du discours antifrançais en Afrique ». Études de l’IFRI [en ligne], juin 2023, p. 22.

(323) HAIDARA, Boubacar. « Pourquoi l’opinion publique malienne a une vision négative de l’opération Barkhane ». The Conversation [en ligne], 10 février 2020.

(324) « Comment la France a empêché la reconquête armée de Kidal ». MaliJet [en ligne], 25 août 2015.

(325) BEN AHMED, Lassaad. « Mali : Choguel Maïga accuse la France d’avoir formé et entraîné une organisation terroriste à Kidal ». Anadolu Ajansi [en ligne], 10 octobre 2021.

(326) MORIN. « Vu du Burkina Faso. Accusations du Mali contre la France : que Bamako produise ses preuves ! ». Courrier international [en ligne], 19 octobre 2022.

(327) SAVOYE, Laureline. « “Fake news” au Burkina Faso : enquête sur un système de manipulation ». Le Monde Afrique [en ligne], 6 juillet 2023.

(328) REGNY, Diane. « Coup d’État au Niger : mais que reproche Niamey à la France ? ». 20 Minutes [en ligne], 10 août 2023.

(329) GLEZ, Damien. « Le “soutien inouï” du général Tiani à Kémi Séba ». Jeune Afrique [en ligne], 3 octobre 2023.

(330) Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), organe de la transition du coup d’État du 26 juillet 2023.

(331) Vidéo publiée sur la chaîne YouTube de Nathalie Yamb le 4 janvier 2024 : « Nathalie Yamb – Général Tiani : Les dessous d’une rencontre ».

(332) MULIKITA, Jason J. Office of the High Representative for the Least Developed Countries, Landlocked Developing Countries and Small Island Developing States. « Young People’s Potential, the Key to Sustain Africa’s Sustainable Development ». UN Press [en ligne], 2023.

(333) ARMSTRONG, Hannah. « Turkey in the Sahel ». International Crisis Group [en ligne], 27 juillet 2021.

(334) YILDIRIM, Göksel. « Le Burkina Faso se dote d’équipements et de véhicules de défense turcs pour la lutte antiterroriste ». Anadolu Ajansi [en ligne], 17 septembre 2021.

(335) PÉRIA-PEIGNÉ, Léo. « TB2 Bayraktar. Grande stratégie d’un petit drone ». Briefings de l’IFRI [en ligne], 17 avril 2023.

(336) FORESTIER, Patrick. « Armes françaises en Libye : ce soutien que Paris ne peut plus cacher ». Le Point [en ligne], 12 juillet 2019.

(337) WINTOUR, Patrick. « Turkish troops deploy to Libya to prop up embattled government ». The Guardian [en ligne], 5 janvier 2020.

(338) France 24. « France blasts “extremely aggressive” Turkish intervention against NATO missions targeting Libyan arms ». France 24 [en ligne], 17 juin 2020.

(339) GULGNER, Sophie. « L’escalade des tensions entre la France et la Turquie : entre guerre économique, jeux d’influence, désinformation et rivalités géopolitiques ». École de Guerre Économique [en ligne], 6 octobre 2020.

(340) SCHAEFFER, Frédéric. « Xi Jinping vante “la grande renaissance” de la Chine et fustige les “forces étrangères” ». Les Échos [en ligne], 1er juillet 2021.

(341) ReliefWeb. « China supports ECOWAS standby force with military equipment ». [en ligne], 24 mars 2016.

(342) SIBIRI, Hagan. « Demystifying China’s involvement in African Peace and Security Architecture ». World Scientific[en ligne], 21 juin 2021.

(343) GRIEGER, Gisela. « China’s growing security role as a security actor in Africa ». BriefingEuroparl [en ligne], 2019.

(344) ENCARNATION, Luke. « Assessing the Impact of Chinese Arms in Africa ». Georgetown University [en ligne], 20 avril 2021.

(345) TONEY, Nicolas. « Discours de Poutine : convocation de l’histoire, rhétorique anti-occidentale et reversement de situation ». Europe 1 [en ligne], 30 septembre 2022.

(346) ROUSSELIN, Pierre. « Vladimir Poutine, croisé des “valeurs chrétiennes” ». Le Figaro [en ligne], 20 septembre 2013.

(347) AUDINET, Maxime et HARDING, Benjamin. « En Centrafrique, la Russie externalise son influence médiatique ». INA [en ligne], 13 octobre 2013.

(348) LCI. « Wagner sort un clip de propagande antifrançaise en Afrique » [vidéo en ligne], YouTube, 20 janvier 2023.

(349) RFI. « L’infox sur un trafic d’or par l’armée française au Mali à nouveau de retour » [vidéo en ligne], 17 décembre 2020.

(350) The Wall Street Journal. « How Russia is restructuring Wagner’s Africa operations » [vidéo en ligne], 2 novembre 2023.

(351) LE CAM, Morgane et BOBIN, Frédéric. « Africa Corps, le nouveau label de la présence russe au Sahel ». Le Monde Afrique [en ligne], 15 décembre 2023.

(352) SAMBE, Bakary. « Niger : La grande difficulté pour la France au Sahel est de devoir gérer l’urgence et l’histoire en même temps ». Timbuktu Institute [en ligne], 2 août 2023.

(353) GERMAIN, Valentin et REY, Nicolas. « 50 ans d’OPEX en Afrique (1964-2014) ». Cahiers du RETEX, Ministère de la Défense [en ligne], septembre 2015.

(354) Survie, association française engagée sur le dossier du génocide au Rwanda.

(355) DUCLERT, Vincent et al. La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi (1990-1994). Armand Colin, mars 2021, 993 p.

(356) BANEGAS, Richard. « La politique d’intervention de la France en Afrique vue d’en bas – Réflexions à partir du cas de la Côte d’Ivoire ». Les Temps Modernes [en ligne], vol. 2, n° 693-694, 2017, p. 290.

(357) ABOU EZ, Eléonore. « Le terrorisme a fait plus de 4000 morts en 2019 dans le Sahel ». Franceinfo [en ligne], 10 janvier 2020.

(358) GUICHAOUA, Yvan. « The Bitter Harvest of French Interventionism in the Sahel ». International Affairs [en ligne], n°96, juillet 2020, p. 895-911.

(359) GENEVRIER, Grégory et MALIBEAUX, Sophie. « Mali : la désinformation contre Barkhane persiste après le retrait ». Les dessous de l’infoxRFI [en ligne], 9 septembre 2022.

(360) Réseau des écoles nationales à vocation régionale (ENVR), Ministère des Armées, France.

(361) KABOUL, Mohammed. « Fact checking : ces fake news à propos de l’opération Barkhane au Sahel ». lefaso.net [en ligne], 17 décembre 2019.

(362) Ministère des Armées. « Actions civilo-militaires des armées françaises », rapport 2023.

(363) GENEVRIER, Grégory et MALIBEAUX, Sophie. op. cit.

(364) Dossier de presse de l’opération Barkhane, Ministère des Armées [en ligne], 2022.

(365) DAMGÉ, Mathilde. « Les biais cognitifs, portes d’entrée vers la désinformation ». Le Monde [en ligne], 14 août 2023.

(366) BATHILY, Farid. « La désinformation gagne du terrain tandis que la vérification des faits peine à suivre ». VOA Afrique [en ligne], 23 juin 2023.

(367) Organisation internationale de la francophonie. Cartographie des structures et capacités de recherche sur la désinformation dans l’espace francophone [en ligne], 21 mars 2023.

(368) NASR, Wassim. « Mali : l’armée française affirme avoir filmé des mercenaires russes en train d’enterrer des corps ». France 24 [en ligne], 22 avril 2022.

(369) All Eyes on Wagner. Un an de Wagner au Mali – Human Rights Report [en ligne], 2022, p. 23.

(370) BALLAND, Camille. « Charnier de Gossi : la France répond au Mali ». TV5 Monde [en ligne], 28 avril 2022.

(371) Entretien avec un officier détaché auprès de la force Barkhane (janvier-juillet 2022), novembre 2023.

(372) Interventions du journaliste Wassim Nasr (22 avril 2022) et du colonel Pascal Ianni (28 avril 2022).

(373) FELTEN, Olivier, JORIS, Aurore, MARREC, Stefan et LUCCISANO, Guillaume. Introduction à la guerre de l’information par le contenu. École de guerre économique [en ligne], décembre 2021, p. 44.

(374) Chef d’état-major de l’armée de Terre, propos rapportés dans Revue Défense Nationale, 2023.

(375) Étude stratégique : “Perceptions et influence en Afrique”, Institut des Hautes Études de Défense Nationale, 2023.

(376) Ministère des Armées, Stratégie d’influence et de présence régionale – Afrique 2030, note interne, 2024.

Vous aimerez aussi

Voulez-vous vraiment déverrouiller cet article ?
Restant à déverrouiller : 0
Êtes-vous sûr de vouloir annuler l'abonnement ?