Dassault Aviation : un succès commercial tricolore sans précédent grâce au rafale

par Olivier DELAGARDE
7 minutes lire

Des avions de chasse aux sous-marins, en passant par ses missiles tactiques et ses systèmes autonomes notamment les drones, la France confirme son savoir-faire en matière de haute technologie militaire. Mais ce succès repose aussi sur des enjeux géostratégiques bien plus larges et une diplomatie efficiente.

En 2024, Dassault Aviation aura livré pas moins de 21 chasseurs Rafale, au-delà des objectifs initiaux et réalisant ainsi une hausse significative en comparaison des 13 appareils livrés en 2023. Ce résultat signe une montée en puissance de la cadence industrielle de l’avionneur, soutenue par une demande internationale croissante et des commandes stratégiques. D’ores et déjà, le carnet de commandes est « confortable » avec ces 220 appareils en attente de livraison, dont une grande majorité est destinée à l’exportation. Toutefois, ce succès tricolore marque la dépendance croissante de Dassault Aviation à l’égard de sa branche militaire, tandis que sur le versant civil, ses jets d’affaires Falcon peinent à séduire.

L’historique Rafale, un moteur de croissance économique pour l’avionneur

Le Rafale donc, fleuron tricolore certes mais surtout du savoir-faire des équipes d’ingénierie et de développement de Dassault Aviation, a connu une année record en 2024. Mais surtout, cette augmentation traduit un effort industriel conséquent afin d’atteindre un rythme de production proche de deux avions par mois, hors périodes estivales. Aussi, Dassault ambitionne de porter cette cadence à trois appareils par mois dans les prochaines années devant permettre de répondre à une demande toujours plus forte, selon sa direction.

Ce succès repose sur plusieurs facteurs économiques et industriels. Tout d’abord, il est notable une augmentation des commandes internationales. Les contrats avec la Serbie (12 appareils) et l’Indonésie (18 nouveaux appareils) témoignent d’un positionnement stratégique réussi sur des marchés émergents. Aussi, les effets de la géopolitique mondiale, les tensions internationales et les besoins en matière de réarmement notamment en Europe, renforcent la demande pour des équipements de pointe tel que le Rafale.

Le carnet de commandes de Dassault Aviation atteint désormais 220 appareils, dont 164 destinés à l’export, garantissant une visibilité financière et industrielle à long terme.

Globalement, une année historique pour l’industrie de défense tricolore

L’année 2024 s’est refermée sur une performance inédite pour les exportations d’armement depuis la France. Ce ne sont pas moins de 8 milliards d’euros de commandes qui ont été enregistrées, selon le ministre des Armées Sébastien Lecornu, lors d’une conférence de presse à Paris. Ce chiffre exceptionnel fait de 2024, la deuxième meilleure année du 21ème siècle, juste derrière 2022 où le record de 27 milliards avait été atteint grâce à un contrat monumental avec les Émirats arabes unis pour la livraison de 80 chasseurs Rafale.

Et c’est le fleuron de l’aviation militaire français Rafale qui continue de dominer les ventes d’équipements militaires français. En 2024, la Serbie a acquis 12 appareils, tandis que l’Indonésie a finalisé une commande pour 42 avions, dont 18 livrés cette année. Le succès du Rafale, surnommé “une référence mondiale” par les experts, reflète un savoir-faire technologique qui séduit de plus en plus de pays et sur tous les continents.

Aussi, l’industrie navale française n’est pas en reste et prend sa part du gâteau. En effet, Naval Group a également conclu un contrat majeur avec les Pays-Bas visant à la fourniture de quatre sous-marins Barracuda, pour un budget estimé à 5,6 milliards d’euros.

De quoi sera fait 2025 sur le marché de l’armement ?

Pour le ministre Sébastien Lecornu, l’exportation d’armes dépasse largement le cadre économique. « Elle est essentielle pour notre souveraineté, notre balance commerciale et le maintien de notre base industrielle et technologique de défense », a-t-il souligné. En effet, les exportations permettent non seulement de financer la modernisation de l’équipement national, mais également de créer de multiples emplois dans plusieurs régions françaises.

Toutefois, le marché de l’armement est particulièrement concurrentiel. Afin de conserver son avance, la France doit non seulement innover dans des secteurs de rupture tels que l’intelligence artificielle, mais aussi répondre en adéquation aux attentes des clients en termes de délais de livraisons, mais aussi de coûts de production.

C’est pourquoi le ministre des Armées affiche un optimisme prononcé pour 2025, qui pourrait bien être une année record. D’ores et déjà, la signature de contrats prometteurs comme la vente de 14 hélicoptères Caracal à l’Irak, montre que l’élan des exportations françaises se poursuit. Les équipements phares tels que les frégates, les systèmes anti-aériens ou encore les radars de nouvelle génération continueront d’attirer les acheteurs étrangers, selon les experts.

Des moyens en R&D visant à relever les défis industriels et technologiques

Afin de répondre à ce développement exponentiel et notamment en cadence, Dassault Aviation doit faire face à des défis majeurs. Notamment s’agissant d’une mobilisation nécessaire et hors norme de sa chaîne d’approvisionnement. En effet comptant plus de 400 fournisseurs et sous-traitants, l’augmentation des cadences de production nécessite une coordination sans faille. Éric Trappier, président de Dassault Aviation, a certes rappelé l’importance de cet effort lors de ses déclarations en juillet 2024. Puis la question de l’innovation technologique intervient également. C’est ainsi que l’entreprise a lancé le développement de la cinquième génération de Rafale, qui intégrera des drones de combat autonomes à des fins d’opérations collaboratives. Ces innovations permettront à Dassault de maintenir son avantage concurrentiel face à des acteurs comme Lockheed Martin ou bien encore Airbus.

Sur le marché civil en revanche, un contraste plus marqué

Si les performances du marché militaire sont particulièrement notables, le segment civil reste quant à lui quelque peu poussif. En chiffres, les livraisons de jets d’affaires Falcon ont certes progressé, passant de 26 unités en 2023 à 31 en 2024, mais elles restent inférieures aux objectifs de l’avionneur envisagés de 35 livraisons fermes. Selon l’industriel, ces contre-performances s’expliquent principalement par des retards chez les sous-traitants impactant la chaîne de production. Puis d’une concurrence plus accrue ces dernières années sur le marché des jets d’affaires, où de nouveaux acteurs se disputent des parts de marché très convoitées.

Sur ce terrain, Dassault Aviation mise sur le lancement du Falcon 6X afin de redynamiser son positionnement, mais l’équilibre entre le militaire et le civil demeure un défi stratégique pour l’entreprise tricolore. Les performances du Rafale ont contribué de manière significative au chiffre d’affaires global de Dassault Aviation, estimé à environ 6 milliards d’euros pour 2024, en hausse par rapport à 2023. Ce résultat illustre le rôle central de l’aéronautique militaire dans la santé économique du groupe, compensant les vents contraires rencontrés dans l’aviation civile.

Vous aimerez aussi

Geopolitics.fr traite de l’actualité et analyse les questions politiques, internationales et de défense dans une perspective gaullo-chiraquienne et dans une démarche participative.

Newsletter

Abonnez-vous à ma newsletter pour de nouveaux articles de blog, des conseils et de nouvelles photos. Restons informés !

Dernières News

@2024 – All Right Reserved. Site réalisé par  Aum Web
Voulez-vous vraiment déverrouiller cet article ?
Restant à déverrouiller : 0
Êtes-vous sûr de vouloir annuler l'abonnement ?