En abattant Jean-François Copé, ils ont tué la droite
En 2014, l’UMP dirigée alors par Jean-François Copé réalisait 20,8 % des voix aux élections européennes arrivant en 2ème position (malgré la concurrence d’une liste centriste). Cela survenait quelques semaines après la vague bleue des municipales d’une ampleur inédite. L’UMP était alors une machine à gagner qui comptait plus de 300 000 adhérents.
Pourtant c’est le prétexte d’un score insuffisant aux européennes (en plus du début de l’affaire Bygmalion dont il fut blanchi) que saisirent ses détracteurs pour le pousser à la démission. En effet, Jean-François Copé était la cible à abattre pour les ambitieux de sa génération qui l’avaient vu prendre tellement d’avance sur la route de 2017. Elle leur semblait d’ores et déjà barrée. Wauquiez, Pécresse, Ciotti au cours d’une conférence de presse, en novembre 2012, qui restera certainement rétrospectivement comme le début de la fin de la droite, avaient déjà tenté, sans succès, de démettre Jean-François Copé. En 2012, ils instrumentalisèrent le scrutin interne extrêmement serré pour l’élection à la tête de l’UMP pour tenter d’éliminer Copé. Fillon servait mieux leurs intérêts, étant plus âgé. Les trois se détestant cordialement mais ayant un ennemi commun pour fonder une alliance de la carpe et du lapin.
Une succession d’échecs
Ce sont ces trois-là qui prirent à moment donné le relais pour diriger la droite. Wauquiez était à la tête du parti lors des élections européennes de 2019 et la liste fit un pitoyable 8,5%. Beaucoup y virent sa responsabilité personnelle de et la manifestation de son insuffisante capacité à rassembler. Il prit ses responsabilités et assuma en démissionnant. Valérie Pécresse, elle porta les couleurs de la droite lors de l’élection présidentielle de 2022 réalisant un score calamiteux de 4,78% qui restera dans les annales de la droite pour plusieurs générations. Elle n’en tira aucune conséquence et aspire même à retourner au combat.
Des Européennes mal engagées
Enfin, pour Eric Ciotti, patron d’un parti qui tient un discours plus musclé que celui du RN tout en soutenant Macron à l’Assemblée Nationale, dans une schizophrénie incompréhensible, l’heure du verdict approche. Il est peu de dire que la constitution de la liste LR pour les européennes fut laborieuse. Reconduire FX Bellamy à la tête était un pari. Mais pourquoi pas ? Il fit le job avec sérieux, constance et intégrité au Parlement européen, à défaut d’être une locomotive électorale. En revanche, reconduire Nadine Morano et Brice Hortefeux revient clairement à se moquer des électeurs et signifier qu’LR reste une petite coterie caricaturale. Quel sera le résultat de cette liste entièrement à la main d’Eric Ciotti sur laquelle figure en position éligible, par exemple, Laurent Castillo ? Ce dernier, élu niçois et professeur de médecine, inconnu du grand public est proche d’Éric Ciotti. Un soutien de poids pour l’hypothétique conquête de la Mairie de Nice ? Le fait du prince …
Trois scénarios possibles
Un score compris entre 5 et 9 % serait la pire des situations car elle entérinerait un statuquo. La droite serait condamnée à devenir une force d’appoint du RN mais les dirigeants de ce parti marginal sauveraient leurs têtes et leurs fonctions, à défaut d’avoir la moindre utilité dans le débat public.
Un score à deux chiffres serait un quasi succès dans un scrutin où LR a du mal à se positionner. Ni européens, ni anti-européens. Siégeant au PPE où leur influence est devenue insignifiante mais ne soutenant pas Von der Leyen (candidate officielle du PPE) pour se succéder à elle-même. Ecartés du pouvoir depuis si longtemps qu’ils ne peuvent s’appuyer sur une présidence pour disposer d’un bilan ou d’une présomption de compétence.
Un score inférieur à 5% devrait provoquer un électrochoc si fort qu’il ne permettrait pas aux moules accrochées au rocher vacillant d’éviter la noyade. La vraie refondation de la droite pourrait alors (enfin !) commencer et pourquoi pas un retour aux sources gaulliennes après toutes ses dérives pitoyables moralement et totalement contre-productives électoralement ? Depuis qu’elle abandonné toute référence gaullienne ou chiraquienne, la droite est allée de défaites en déroutes. En finir une fois pour toute avec l’éternel recyclage des idées de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007 alors que le monde et la France ont profondément évolués, voilà l’objectif. Il est peu de dire que le parti ciottien ne prend pas cette direction tant le débat d’idées y est absent.
Refonder intégralement la droite ?
En finir avec des visages, ceux qui exercèrent des responsabilités gouvernementales sous Nicolas Sarkozy, associés à toutes les défaites.
En finir avec un nom « Les Républicains » une marque qui n’a jamais remporté le moindre succès.
En finir avec des statuts obsolètes qui donne à un corps de militants squelettiques la possibilité de faire dériver le parti vers une ligne politique sans avenir, les électeurs préférant l’originale à la copie.
En finir avec des hommes politiques qui n’ont aucun respect pour l’indépendance nationale qu’il s’agisse des nombreux poutilonâtres plus ou moins repentis ou des inféodés au gouvernement criminel de Netanyahou par le sinistre Meyer Habib interposé.
En finir avec des hommes politiques dont la seule vision est de conserver des assistants et une voiture avec chauffeur.
En finir avec des hommes politiques qui n’ont aucune vision de l’avenir du pays mais qui surfent sans talent et sans crédibilité sur la vague populiste que les sondages leur recommandent.
Oui, la déroute aux européennes pourrait être l’électrochoc dont la droite a tellement besoin pour cesser de poser des rustines sur le Titanic mais tout refonder, intégralement, de A à Z avec deux idées simples « une certaine idée de la France » et de sa grandeur et une certaine « idée de l’homme » loin, très loin de la xénophobie actuelle.