La dénonciation par Israël d’une supposée complaisance de l’UNRWA envers le Hamas est ancienne. Il s’agit d’un musique d’ambiance récurrente.
Néanmoins, cette accusation a ressurgi avec une vigueur particulière dès la décision de la Cour Internationale de Justice rendue le 26 janvier, ordonnant à Israël de prendre des mesures afin de prévenir un génocide. Dans Geopolitics.fr (Dans l’affaire de l’UNRWA, la diplomatie macronienne telle un mouton de panurge | Geopolitics.fr) nous avions dénoncé cette curieuse coïncidence. La machine s’emballait rapidement. En effet, aussitôt, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Finlande, l’Australie et le Canada décidaient d’interrompre ou geler leurs financements à l’UNRWA. La France annonçait, elle, fièrement, qu’aucun nouveau financement n’était prévu.
Cette décision fut lourde de conséquences dans un contexte déjà très grave de pénurie alimentaire. Le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, avait beau prendre des mesures préventives envers 12 de ses personnels, rien n’y fit. Les dirigeants des démocraties occidentales se précipitaient avec une naïveté et un amateurisme confondants dans le piège. Nous assistâmes à une farandole de couards et d’irresponsables.
Ces décisions hâtives que rien ne justifiaient ont eu de graves répercussions en désorganisant l’UNRWA, causant une famine totalement organisée dans la bande de Gaza. Attendre les conclusions de l’enquête internationale pour prendre une décision n’aurait-t-ce pas été la voie de la sagesse et de la raison ?
Outre les 12 employés mis en cause, Israël avait prétendu qu’une partie significative du personnel de l’UNRWA avait soutenu les actes terroristes du 7 octobre. Or, le rapport rendu par Catherine Colonna indique : « Les autorités israéliennes n’ont jusqu’à présent fourni aucune preuve à l’appui ni répondu aux lettres de l’Unrwa en mars, puis à nouveau en avril, demandant les noms et les preuves qui permettraient à l’Unrwa d’ouvrir une enquête ». Bien évidemment le dispositif est perfectible et le rapport contient un certain nombre de préconisations. Mais son message est clair.
Cette triste affaire a révélé le tropisme pro-Netanyahou de nombres de dirigeants aisément manipulables par un politicien infiniment plus roué et rusé qu’eux-mêmes.
La France a encore raté une occasion d’être un intermédiaire entre le Nord et le Sud.
Et ce sont, encore une fois, les civils palestiniens qui en ont payé le prix fort.