Le refus de François Bayrou d’entrer au gouvernement mais plus encore les divergences de fond qu’il a mises en avant (et qui sont pertinentes) viennent de porter un coup terrible à la Macronie déjà mal en point et à un gouvernement introuvable.
En effet, on peut faire nombre de reproches à François Bayrou, mais pas celui de la médiocrité. Voilà indiscutablement un homme au-dessus de la mêlée qui a une vraie vision politique. Un homme qui fut faiseur de roi en 2012 et 2017 même si les rois en questions se sont révélés plutôt être des roitelets.
Ce désaccord profond prendra-t-il la forme d’une opposition au gouvernement Attal à l’Assemblée Nationale ? Pas nécessairement car le gouvernement Attal est déjà condamné. Deux Conseils des ministres annulés par le Président de la République pour convenance personnelle, du jamais vu sous la Vème République. Un remaniement qui n’est toujours pas achevé, un mois après le départ d’Elisabeth Borne. Des ministres introuvables, la Macronie est peu à peu privée de talents. Une mise sous tutelle de la majorité par le Modem est déjà actée. Rien, strictement rien ne pourra se faire sans eux.
Emmanuel Macron perd un allié de poids mais ce sont surtout Edouard Philippe et dans une moindre mesure Gabriel Attal qui sont directement menacés dans leurs ambitions présidentielles. François Bayrou prend une distance, au bon moment, que ni l’un ni l’autre n’ont prises vis-à-vis de la Macronie. Or, chacun sait bien qu’y être associé sera rédhibitoire en 2027. Edouard Philippe par choix, difficilement compréhensible, n’a jamais fait sa rupture avec le Président au-delà de quelques escarmouches invisibles du grand public. Gabriel Attal, lui, ne peut naturellement la faire, mais il a tout le temps.
Pour résumer un Président qui ne peut se représenter déjà en mal d’autorité sur sa « majorité » qui n’existe pas, se voit priver de son soutien le plus fort. L’agonie de la Macronie a débuté. Pas sûr que le Président ne puisse éviter une dissolution de l’Assemblée Nationale et une cohabitation avec le RN. Une conclusion politique pour le moins calamiteuse.
