Petite histoire du suicide la droite vue de l’intérieur. Ou comment peut-on passer de Chirac à Ciotti ?

par Erwan Davoux
6 minutes lire

Episode 1 –  2007 : la droite conquiert l’Elysée, le gaullisme le perd.

Sarkozy invulnérable

Il est le seul de ses adversaires. Le seul qu’un Jacques Chirac, diminué par un AVC plus sérieux que l’on ne le pensait, n’aura pas réussi à éliminer.

En effet, Jacques Chirac ne voulait en aucun cas que Nicolas Sarkozy ne lui succède. Il ne le nomma pas Premier ministre. Alain Juppé étant temporairement hors course, il tenta, dans un premier temps, d’envoyer le talentueux ministre Hervé Gaymard pour le contrer. Mais cette solution se brisa sur une affaire d’appartement de fonction montée en épingle et dont la communication ne fut pas maîtrisée. Le Ministre eu beau tout rembourser sur ses deniers personnels (alors que rien ne l’y contraignait), le mal été fait.

Jacques Chirac accéléra alors l’hypothèse Villepin en le nommant Premier ministre. Les choses se déroulèrent comme prévu dans un premier temps. Mais Villepin ne résistera pas au Contrat Première Embauche (CPE) qui mobilisera toute la jeunesse jusqu’à son abrogation, une mesure inutile, à un an d’une présidentielle. Nicolas Sarkozy en fin politique, jettera plus ou moins discrètement de l’huile sur le feu, avec succès. Villepin était hors course.

Ayant résisté à tout, avec une force indéniable, convaincu de son destin, Nicolas Sarkozy s’impose et conquiert l’Elysée.

Une forme d’alternance politique

Mais ne nous trompons pas il s’agit bien d’une forme d’alternance. Le 16 mai 2007, j’étais présent dans le public pour saluer une dernière fois Jacques Chirac ; je découvre alors que la foule sarkozyste le conspue et même insulte la berline du Président sortant. La droite vient de conquérir le pouvoir, le gaullisme de le perdre. Le champion incontesté de la droite, Nicolas Sarkozy avec plus de 31% des voix au 1er tour l’emportait triomphalement quand Jacques Chirac dû se contenter au mieux de 20,8%.

Une grande partie de la droite était heureuse de voter, enfin, pour un homme de droite classique plutôt que pour un homme gaulliste à 75% et « rad soc » à 25%. En plus du changement de génération, c’est bien une autre droite qui prend le pouvoir en 2007.

Une droite qui n’a pas exercé la moindre responsabilité ni sous le Général de Gaulle, ni sous Georges Pompidou et dont le modèle n’est en rien différent de celui du parti conservateur britannique ou de la CDU. La spécificité gaullienne disparait. L’heure est à la droitisation et au populisme, tout en faisant mine de le dénoncer.

Les militants du RPR ont toujours été bien plus à droite que leurs leaders. Militer c’est épouser une cause avec flamme et, parfois, sans recul ou modération. Mais les dirigeants qu’ils s’appellent Chirac, Séguin, Pasqua, Juppé, Toubon, veillaient au grain. Le RPR sera un grand rassemblement où les lieutenants incarneront des sensibilités différentes tout en étant unis sur l’essentiel. Les dirigeants n’hésiteront pas à prendre la base à revers si l’intérêt général l’exige. A eux de maintenir le cap puis de convaincre les militants et les sympathisants.

Avec Nicolas Sarkozy, les militants prennent le pouvoir et la ligne du parti devenu quelques années auparavant UMP devient étroitement dépendante de la base. Une base très à droite. C’est elle qui décide de la ligne politique du parti et les chefs se livrent à une surenchère verbale pour la contenter sans jamais surprendre.

La ligne politique gaulliste et la pratique gaullienne des Institutions s’effacent

Les spécificités gaullistes disparaissent que ce soit dans la politique étrangère totalement alignée au sein du bloc occidental ou la pratique institutionnelle. Le Président n’est plus un arbitre en charge de l’essentiel mais le véritable chef de l’exécutif, le Premier ministre devenant son « collaborateur ». La majesté présidentielle s’efface, les formules à l’emporte-pièce ou les répliques peu inspirées, les surenchères verbales désacralisent la fonction. « La France riche de sa diversité » fait place à une France ou l’autre, l’étranger est suspect par nature. Une France où la cohésion sociale et nationale est menacée, il n’y aura plus une seule année qui ne soit émaillée d’émeutes. L’identité nationale mise maladroitement au centre du débat, ne fera qu’exacerber les antagonismes et les tensions, plus qu’affaiblir le Front National.

Les sanctions ne tardent pas à tomber, toutes les élections intermédiaires sont des échecs cuisants. Nicolas Sarkozy n’osera pas tenter le dernier électrochoc possible avant la présidentielle de 2012 : changer de Premier ministre. En effet, François Fillon donné sortant réussira à se maintenir sur le fil. Les sondages donnent Nicolas Sarkozy perdant. Le seul etdernier atout de la droite reste sa capacité incontestable au leadership et à faire campagne. Mais l’autre face est un rejet massif, comme rarement vu jusqu’à lors par ceux non convaincus. Nicolas Sarkozy reste extrêmement clivant, même avec le costume présidentiel.

Le parti présidentiel dont Jean-François Copé s’est emparé fin 2010 malgré quelques réticences de Nicolas Sarkozy, la relation entre les deux hommes étant exécrable, a pour mission de se mettre en ordre de bataille pour 2012.

A SUIVRE….

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