Erwan DAVOUX fut chargé de mission à la Présidence de la République et a conseillé de nombreuses personnalités politiques de droite à l’international.
À Gaza, « 100 % » de la population est en « insécurité alimentaire grave », selon le Secrétaire d’Etat Américain Antony Blinken et la moitié de la population, soit 1,1 million de personnes souffrent de famine. Si cette menace venait à se concrétiser, elle placerait Netanyahou loin devant Staline ou Pol Pot, en nombre relatif de victimes, dans l’organisation délibérée d’une famine et ses conséquences.
En effet, les famines soviétiques cumulées, causées par la collectivisation, en 1931-1933, de Russie, du Kazakhstan, du Nord Caucase et d’Ukraine (Holodomor) ont causé la mort d’environ 7 à 8 millions de personnes. L’Ukraine fut, de loin, la plus touchée, avec 4 à 6 millions de morts pour une population d’un peu plus de 30 millions d’habitants.
Quant à Pol Pot, il n’aura tué “que” 20% de la population cambodgienne (un peu moins de 2millions) par la famine mais pas seulement, les exécutions et la torture, le travail forcé excessif, la maladie non traitée y tiendront toute leur part.
Certes, en valeurs absolue, les nombre des victimes à mettre à l’actif de Staline et de Pol Pot est bien plus élevé. Surtout ils s’agit de chiffres réels et non de projection de qui pourrait arriver à Gaza si le statu quo perdurait. Mais Netanyahou fait avec ce qu’il a, et il faut lui reconnaître une efficacité certaine puisqu’il pourrait réussir en quelques semaines à atteindre son objectif, là ou ses prédécesseurs auront mis des années. 100% de la population menacée, 50% subissant déjà la famine, c’est du jamais vu dans l’Histoire. L’étape décisive de ce plan inhumain aura été le rideau de fumée sur l’UNRWA. A ce jour, rien n’a été prouvé.
Le pire est que cette famine massive et délibérée (car nous n’évoquons que les “famines artificielles”, celles créées par un dirigeant et non qui sont la résultante de catastrophes naturelles ou de régimes incapables de nourrir leur population) est connue de tous, contrairement aux deux évoquées précédemment et donc soutenue activement ou passivement par les grandes puissances ou l'”Occident” qui renie, par là-même ses valeurs fondatrices et son identité.
Ce n’est pas la 1ère fois que le sionisme révisionniste ou religieux est au pouvoir. Ce fut la cas également avec Menahem Begin (1977-1983) puis Yitzhak Shamir (1986-1992) tout deux, avec un casier terroriste bien fourni et authentifié, ont dirigé l’Etat d’Israël. Ces deux hommes comme Netanyahou sont originaires d’Europe de l’Est, ils n’ont pas une long passé commun avec les Arabes. Dans leur idéologie, l’Arabe est l’ennemi par nature, qu’il convient de combattre ou de massacrer s’il lui venait l’idée saugrenue de résister.
Néanmoins, il existe des différences marquantes de contexte. Menahem Begin fit passer l’intérêt de long terme de son pays avant son idéologie et signa la paix avec l’Egypte. Il se mua en Homme d’Etat. C’est sous Shamir que se déclencha la première Intifada . Mais Israël disposait encore d’un parti travailliste fort (qui participait d’ailleurs au gouvernement), et d’un jeu politique bipartisan démocratique. Par ailleurs, les Palestiniens eux même avaient un leader en la personne de Yasser Arafat. Or, la parti travailliste a disparu et les Palestiniens n’ont plus de leader.
Avec Netanyahou, nous voyons le sionisme révisionniste/religieux diriger Israël sans aucune force de résistance, sans contrepouvoir, de manière décomplexée. Il appartiendra aux historiens de qualifier ce qui n’est plus une simple idéologie mais une pratique politique répressive qui établit une hiérarchie entre les êtres humains en fonction d’un groupe ethnique et désormais, aussi, d’une religion.
