Nourris de frustrations légitimes face à l’insécurité et à la pauvreté, les dirigeants du Burkina Faso, du Mali et du Niger, regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), se retrouvent à un tournant critique. La région, bien que riche en ressources naturelles telles que l’or, l’uranium et le pétrole, et dotée d’un potentiel humain indéniable, est actuellement en proie à une crise économique profonde. Mais, ce contexte est exacerbé par la montée du populisme, où les autorités, en optant pour des promesses tous azimuts et des déclarations incendiaires, choisissent la brutalité plutôt que de s’engager dans des réformes structurelles et des politiques de développement cohérentes.
Les discours simplistes et les stratégies erratiques des dirigeants sahéliens se révèlent déjà désastreux. En multipliant les ruptures avec leurs partenaires historiques, comme le retrait de la CEDEAO ou la récusation des institutions financières, les États de l’AES ont provoqué leur propre asphyxie économique. En 2022, le Burkina Faso a enregistré une chute de 15% de ses exportations à la suite de tensions diplomatiques, tandis que le Mali a vu ses investissements étrangers directs diminuer de 20%, entraînant une contraction de 3% de son PIB. L’insécurité croissante aggrave encore cette situation. Selon le Centre Africain de Recherche sur le Terrorisme, le nombre d’attaques djihadistes a augmenté de 20% en 2022, paralysant les activités commerciales et réduisant la confiance des investisseurs. Et d’après le dernier Indice mondial du terrorisme, la région du Sahel reste l’épicentre du terrorisme pour la deuxième année de suite, avec plus de la moitié des décès dus à cette forme de violence dans le monde en 2024.
En contraste avec ce marasme sahélien, des pays africains voisins illustrent une alternative réussie, fondée sur la stabilité, l’ouverture et la réforme. La Mauritanie, loin des déclarations fracassantes et des choix hasardeux, construit son développement économique sur des bases solides. Son partenariat gazier avec le Sénégal sur le projet Grand Tortue Ahmeyim ouvre des perspectives prometteuses, attirant les investisseurs et renforçant la coopération régionale. De même, le Bénin s’affirme comme un acteur clé de l’industrialisation régionale, il mise sur la diversification économique et une gouvernance stable pour accélérer son développement. Avec une augmentation de 40% des investissements dans le textile en cinq ans, il devient un hub régional dans la transformation du coton. En modernisant son agriculture et en renforçant ses infrastructures, il attire les capitaux et sécurise son avenir économique. Les deux pays, confrontés à des défis similaires à ceux du Sahel, démontrent comment une gouvernance éclairée et orientée vers le développement peut conduire à des résultats tangibles.
Cependant, l’histoire n’est pas écrite d’avance. Le Sahel a encore la possibilité d’inverser la tendance, mais pour ce faire, il devra rompre avec les logiques de repli, restaurer la confiance des investisseurs et bâtir une économie fondée sur le respect des contrats, la compétitivité et l’innovation. La stabilité institutionnelle et l’intégration régionale sont les seuls leviers capables de replacer les pays de l’AES sur la voie de la prospérité. Sans une prise de conscience rapide et des actions concrètes, le Sahel continuera de s’enfoncer dans une crise dont les effets seront aussi durables que dramatiques. La véritable force réside non pas dans des discours populistes, mais dans des actions réfléchies et des alliances stratégiques.