La décision rendue par le tribunal correctionnel de Paris à l’encontre de Marine Le Pen est lourde (quatre ans de prison, dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique, une amende de 100 000 euros et cinq ans d’inéligibilité à exécution provisoire).
Pas tant la peine elle-même, compte-tenu, de la gravité des faits mais plutôt par l’exécution provisoire prononcée. En effet, la favorite de l’élection présidentielle pourrait être contrainte de ne pas se présenter (sauf grâce présidentielle).
Des réactions dépordantes de démagogie
Néanmoins, cette décision est salutaire car elle révèle que l’extrême droite française… reste l’extrême droite. Si Marie Le Pen a pu, par certains, aspects donner des gages de réalisme ou d’une relative modération, tel n’est pas le cas de son entourage et de sa base. Les réactions des ténors du RN et des identitaires mettant en cause l’Institution judiciaire dans son ensemble et mettant une cible sur la magistrate à l’origine du verdict sont indignes. Chassez le naturel, il revient au galop. Ceux qui se prétendaient exemplaires et n’avaient pas de mots assez durs pour dénoncer la corruption politique ont démontré leur tartufferie.
De multiples condidats potentiels qui font mine de verser des larmes de crocodiles
L’hypocrisie généralisée de ceux qui versent des larmes de crocodiles devant ce verdict mais qui en réalité jubilent est flagrante.
Bardella tout d’abord. Celui qui a révélé la vacuité totale de sa pensée politique durant l’entre-deux-tours des élections législatives, qui n’a jamais travaillé en dehors du sérail politique, se sent pousser des ailes. Disons-le clairement, il n’a pas la moindre chance de tenir le choc d’une élection présidentielle et l’imposture politique serait vite démasquée.
Le couple Zemmour-Knafo est aux anges. Grisés par la tribune quotidienne que leur offre le Bolloréland, ils estiment être en situation de mener une OPA sur le RN. Mais le Bolloréland n’est, heureusement, pas la France et il est probable que les 7% réalisés par Zemmour en 2002, malgré une campagne extrêmement dispendieuse, constituent un plafond de verre.
Enfin, Marion Maréchal-Le Pen aurait eu davantage de chances, malgré son inexpérience, que Bardella. Mais elle a trahi au mauvais moment. La trahison en politique est rédhibitoire lorsqu’elle se fait en faveur du perdant.
L’élimination politique de Marine Le Pen, si elle se confirmait, profiterait très probablement à Bruno Retailleau. Le discours est identique, une touche cléricale et anti-laïque, en plus, pour le Ministre de l’Intérieur. Bruno Retailleau est en mesure de réaliser « l’union de droites », en réalité l’intégration d’une droite populiste et rabougrie au sein de l’extrême droite.
Une extrême désormais inféodée à des intérêts étranger
Les soutiens reçus de toute part par les extrêmes droites américaines et européennes témoignent qu’il existe une coordination mondiale, une internationale des populistes, pilotée désormais par Trump (se substituant à Poutine) et son entourage afin de placer au pouvoir, en Europe, des régimes politiquement proches et totalement inféodés à la maison-mère. Le RN qui a totalement muté en politique étrangère, sous l’impulsion de Bardella, n’est ni plus ni moins devenu qu’une formation totalement inféodée à Trump, Netanyahou et à l’OTAN. Preuve en est, l’absence totale de réaction lorsque deux gendarmes français sont mis à terre et maltraités par les forces de sécurité israéliennes à Jérusalem : zéro réaction. Quant à Reconquête, la quête effrénée d’une proximité, même par l’escalier de service, d’un label Trump le disqualifie pour incarner une France souveraine.
L’extrême droite française sert désormais des intérêts étrangers. Son agenda n’est plus national mais au service d’une coalition pilotée de l’étranger pour détruire les fondements démocratiques des nations européennes. Et particulièrement ceux de cette République Française indocile, qui a su, par le passé, lorsqu’elle était dirigée par de grands hommes porter un message humaniste à vocation mondiale.
Reste à savoir qui sera le candidat le plus à même d’occuper l’espace central et non centriste. Dominique de Villepin, s’il décidait de concourir serait très probablement celui-là.
