Coup dur pour les finances de l’ONU à la suite du retrait des États-Unis de la coopération mondiale sur la santé et le climat

par Olivier DELAGARDE
8 minutes lire

Les agences de l’ONU inquiètes, ont vivement réagi mardi aux décrets du nouveau locataire de la Maison blanche Donald Trump, ce dernier mettant fin à la participation des États-Unis à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), puis en se retirant également de l’Accord de Paris sur le climat. Pour les organisations onusiennes, ces décisions marquent un impact négatif massif sur la santé publique et les efforts visant à freiner le réchauffement climatique.

Le couperet est tombé. Bien entendu, l’OMS déplore cette décision et appelle le nouveau Président américain a revenir sur son décret signé lundi,  quelques heures après son investiture.

L’Agence sanitaire mondiale de l’ONU « regrette l’annonce de l’intention des États-Unis d’Amérique de se retirer de l’Organisation », s’est ainsi exprimé sur le réseau social X, le Directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« L’OMS joue un rôle crucial dans la protection de la santé et de la sécurité des populations du monde entier, y compris des Américains, en s’attaquant aux causes profondes des maladies, en renforçant les systèmes de santé et en détectant, prévenant et répondant aux urgences sanitaires, y compris les épidémies, souvent dans des endroits dangereux où d’autres ne peuvent pas aller », a rappelé pour sa part un porte-parole de l’OMS Tarik Jašarević, lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève.

Pour un dialogue constructif certes, mais prévenir un séisme financier

Donald Trump a signé lundi 21 janvier et parmi les centaines annoncés, un décret sur la fin de l’adhésion des États-Unis à l’Organisation mondiale de la santé, qui perd ainsi son plus grand contributeur financier.

Après cette décision et à la manière d’une bouteille à la mer, l’OMS exhorte la Maison blanche « d’engager un dialogue constructif pour maintenir le partenariat entre les États-Unis et l’OMS, au bénéfice de la santé et du bien-être de millions de personnes dans le monde », a ajouté Tarik Jašarević.

La première étape vers le retrait des États-Unis consiste à recevoir une lettre officielle de leur part, après quoi les États-Unis quitteraient officiellement l’organisation dans un an, tout en fermant le précieux tiroir-caisse de plus d’1,5 milliard de dollars !

Les Etats-Unis qui avaient déjà entamé les démarches afin de claquer la porte de l’OMS lors du premier mandat de Donald Trump en 2020, sont le principal donateur et partenaire de cette organisation onusienne basée à Genève. Et non des moindres.

Le seul argument « d’innombrables vies sauvées » suffira-t-il ?

Selon l’OMS et à l’instar de l’ensemble de ses adhérents, Washington contribue à son financement via une cotisation indexée sur le PIB national, mais aussi par le biais de contributions volontaires. En 2023, ce montant était de 1,2 milliard de dollars.

Et la décision de Donald Trump est d’autant retentissante que les États-Unis ont été l’un des membres fondateurs de l’OMS en 1948. Pendant plus de sept décennies, l’OMS et les États-Unis ont sauvé d’innombrables vies et protégé les Américains et l’ensemble de la population contre les menaces sanitaires, tente vainement d’arguer les pilotes de l’agence.

« Ensemble, nous avons mis fin à la variole, et ensemble, nous avons amené la poliomyélite au bord de l’éradication. Les institutions américaines ont contribué à l’adhésion à l’OMS et en ont bénéficié », a fait en outre valoir le porte-parole de l’agence onusienne.

Il est juste qu’avec la participation de son plus important bailleur de fonds ainsi que d’autres États membres, l’OMS a mis en œuvre au cours des sept dernières années, le plus vaste ensemble de réformes de son histoire, afin de transformer sa responsabilité, sa rentabilité et son impact dans les pays.

Climato-septique né, aucune surprise sur le retrait de l’Accord de Paris sur le climat

Et comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, Donald Trump met un coup de semonce supplémentaire par l’annonce du retrait de l’accord sur le climat.

En réponse à une question sur l’annonce par la Maison Blanche du retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, une porte-parole de l’ONU a rappelé que cet accord a été adopté par toutes les nations du monde en 2015 parce qu’elles reconnaissent l’immense préjudice que le changement climatique cause déjà, et l’énorme opportunité que l’action climatique présente.

Et pour l’ONU de rappeler que la transformation envisagée dans l’Accord de Paris est déjà en cours. Cet accord a déclenché une révolution énergétique, offrant aux pays et aux entreprises des opportunités inégalées d’investir dans les énergies renouvelables qui alimentent les emplois et la prospérité du 21e siècle. Ce qui sur la papier, est effectivement pavé de bonnes intentions.

« Les dirigeants doivent saisir ces opportunités en cette décennie critique pour l’action climatique », a déclaré Alessandra Vellucci, la porte-parole de l’ONU à Genève. « Le Secrétaire général est convaincu que les villes, les États et les entreprises des États-Unis – ainsi que d’autres pays – continueront à faire preuve de vision et de leadership en œuvrant pour une croissance économique à faible émission de carbone et résiliente qui créera des emplois et des marchés de qualité pour la prospérité du XXIe siècle », renchérit-elle toujours au futur, relevant qu’il est essentiel que les États-Unis restent à la pointe des questions environnementales.

Le changement climatique reste-t-il un défi majeur face aux économies plus que tendues ?

L’annonce de la Maison blanche intervient alors que ces dix dernières années ont été les plus chaudes de l’histoire, et 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec environ 1,55°C de plus que l’ère préindustrielle. C’est un fait.

« Il suffit de regarder Los Angeles pour voir ce désastre humain, écologique et économique se produire. Les efforts collectifs déployés dans le cadre de l’Accord de Paris ont fait la différence, mais nous devons aller beaucoup plus loin et plus vite ensemble », a insisté Alessandra Vellucci.

De son côté, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) note que chaque fraction de degré de réchauffement de la planète a un impact sur nos économies et nos vies. Le changement climatique doit être envisagé sur le long terme, et il s’agit d’un défi majeur de notre époque. Mais de qui de l’œuf ou de la poule ?

Une façon pour l’agence basée à Genève de souligner que la nécessité de l’Accord de Paris et de l’action climatique est plus forte que jamais. « Les gouvernements nationaux ont un rôle clé à jouer. La révolution vers les énergies renouvelables ne peut pas être arrêtée », a affirmé Clare Nullis, porte-parole de l’OMM.

Ces déclarations de bonnes intentions, objectives certes, suffiront-elles à faire infléchir Donald Trump dans son élan protectionniste ? Rien n’est moins sûr.

Vous aimerez aussi

Geopolitics.fr traite de l’actualité et analyse les questions politiques, internationales et de défense dans une perspective gaullo-chiraquienne et dans une démarche participative.

Newsletter

Abonnez-vous à ma newsletter pour de nouveaux articles de blog, des conseils et de nouvelles photos. Restons informés !

Dernières News

@2024 – All Right Reserved. Site réalisé par  Aum Web
Voulez-vous vraiment déverrouiller cet article ?
Restant à déverrouiller : 0
Êtes-vous sûr de vouloir annuler l'abonnement ?