Inaudible au Proche-Orient et dans tout le monde arabe, la diplomatie française n’est pas seulement en déclin mais en plein naufrage. Chassée de son ancien « pré-carré » africain par des pouvoirs, certes, issus de coups d’Etats mais qui semblent avoir une certaine popularité, la France n’arrête plus de collectionner les revers diplomatiques. Tel n’est pourtant pas le sentiment de “Jupiter” qui osa déclarer lors de sa conférence de presse du 17 janvier (mais peut-être était-ce du second degré qui a échappé au commun des mortels) : « il n’y a pas de risque d’effacement de notre diplomatie, nous avons une diplomatie forte et pas d’alignement ». La tête hors de l’eau entre deux consignes de l’Administration Biden peut-être ?
Les voix dissonantes sont sommées de se taire. Tous les Ambassadeurs français en poste dans le monde arabe (à l’exception de trois) se sont émus du caractère à la fois pro-israélien (comprendre outrageusement pro-Netanyahou) et illisible de la ligne diplomatique française sur le conflit israélo-palestinien. En effet, entre deux admonestations par Netanyahou avec lequel Emmanuel Macron se vante de s’entretenir régulièrement (quand Jacques Chirac et même Nicolas Sarkozy, eux, cherchaient surtout à l’éviter), il se rappelle que la France, membre permanent du Conseil de Sécurité grâce à l’un de ses illustres prédécesseurs (et oui le Général de Gaulle est un prédécesseur d’Emmanuel Macron comme Georges Washington le fut de Georges W Bush), se doit de prôner l’application du droit international. D’où des bâbords-tribords permanents et l’absence de tout cap. Les Ambassadeurs ont été vertement rappelés à l’ordre et leur sens de l’Etat prié de s’effacer devant la raison d’Etat. Peut-on officiellement avouer que le Capitaine ne sait pas nager dans l’ « Orient compliqué » ? Que la diplomatie française coule à pic ?
L’humeur du Président varie selon le dernier visiteur. Ainsi de l’aberrante idée de coalition internationale contre le Hamas à l’image de celle contre Daesch telle une bouée de sauvetage dont même Netanyahou n’a pas voulu, c’est dire…Elle fut un temps attribué à un diplomate issu de la promotion « Léopold Sedar Senghor » celle du Président ; il se pourrait qu’elle émane, en réalité, d’un pseudo-intellectuel habitué à murmurer des âneries aux oreilles de certains présidents réceptifs.
Enfin, le “Canard Enchaîné” du 24 janvier révèle que Sylvain Itté, Ambassadeur au Niger depuis Paris, s’est vu interdire de publier un ouvrage intitulé « Au cœur de la diplomatie française en Afrique ». Entrait-il dans les détails de ce sabordage minutieux de notre crédibilité ? Du péremptoire « nos forces et notre Ambassadeur resteront sur place » au retrait pitoyable sous la contrainte, nous ne connaitrons donc que la partie émergée de l’iceberg.
Tel le capitaine du Titanic et avec la même clairvoyance Emmanuel Macron a entraîné la diplomatie française, semblait-il indestructible, dans un naufrage complet malgré tous les signaux de détresse.